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Сочинения в двенадцати томах. Том 2
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Автор книги: Евгений Тарле


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История


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II

Нац. арх.

С. 134, 5–6, doc. № 36.

Messieurs, Suplie les ouvriers abitant de la villes de Paris quil vous plaise ordoner que les ouvriers que l’on oblige de quitter leurs ouvrage pour monter la garde et faire patrouille seront payés des fonds fournis par les bourgeois entitre, attendue qu’il impossible à un malheureux chargé de familles de continuer le service ce qui agrave sa miserre et le rend plus malheureux. Daignez ordonner le temps et heure que chaque personne sera tenue de servir, que la dite ordonnance soit envoyée dans chaque district (Delacourt. Ce 18 juillet 1789).

Адрес: A Messieurs les commissaires prévôts des marchands et Messieurs les Directeurs administrateurs généraux de Bureau permanent de la ville de Paris.

III

Нац. арх.

С. 134–12. 24 juillet 1789.

Un grand nombre de Particuliers résidant à Paris quittent dans ce moment ci leurs foyers, les consommateurs de cette ville diminuant, il se trouvera que les fléaux de la cherté du Pain et du deffaut d’ouvrages dont on n’éprouve déjà que trop les tristes effets vont, encore s’accroître et que la capitale devenant vide de gens riches ceux qui resteront se trouveront d’autant plus exposés de la part des gens forcés par les besoins pressants.

Ne seroit il pas possible par une invitation publique au nom de l’intérêt général d’engager tous les propriétaires de Paris et des environs de se décider à faire faire dans ce moment et préférablement à tout autre les ouvrages qu’ils pourroient avoir projetté en terrasses jardins, Bâtiments etc.

Que si quelques citoyens riches et vertueux en donnoient les premiers l’exemple, ils fussent cités et connus pour de véritables patriotes; peut-être cela exciteroit l’amour du bien public et de la véritable considération surtout quand on observera que les bienfaisances particulières telles qu’elles soient, deviennent toujours des moyens courts et insuffisants; qu’il est difficile que les répartitions en soient bien faites et qu’elles donnent souvent lieu à beaucoup plus d’abus qu’elles n’opèrent de biens.

Enfin ne seroit il pas possible d’annoncer que la nécessité pouvant forcer de retenir ceux qui désertent la ville et rapeler sous des peines rigoureuses et même d’infamie ceux qui l’ont déjà abandonnée; il est de l’intérêt de tout le monde de contribuer chacun selon sa position a faire reparoitre l’activité de l’industrie, la circulation et tout ce qui peut rétablir les moyens de confiance de bonheur et de liberté à quoi tient immédiatement le bon ordre de la société.

Perrard de Montreuil, Censeur Royal architecte du grand Prieuré de France.

IV

Нац. арх.

О1 500, р. 417.

Письмо министра двора к Bailly.

М. Bailly.

3 Août 1789.

М. Necker m’a communiqué, М., la lettre que le comité de Police lui a écrite relativement à la nécessité d’ecarter de Paris les ouvriers qui n’y sont pas employés et les gens sans aveu qui se sont réunis à eux. J’ai pris une lecture attentive du plan de M. Smith et du projet d’ordonnance qu’il y joint. Elle me paroit établie sur de bons principes et je n’aurai aucune difficulté d’écrire suivant le vœu de l’auteur à М. M. les intendants conformément aud. plan. Je ferai passer aussi aux affaires de Maréchaussée un modèle de certificat en leur prescrivant ce qu’ils auront à faire. II suffira de me prévenir du moment ou le parti sera pris et mis à exécution pour que j’agisse de mon coté.

V

Нац. библ., отдел рукописей

27 Juillet 1789.

f. fr. nouv. acq. 2678.

Demande à l’Hôtel de Ville.

Le district de St. Joseph vient d’être instruit par le district de St. Lazare et par la clameur publique que les ouvriers de Montmartre de barrières se repandent armés dans la plaine de St. Denis, détruisant les bleds et menaçant de se porter aux plus grands excès. Le district a rassemblé toutes ses forces; il a sollicité les districts voisins, il a demandé de gardes-françoises et des suisses. Mais il sollicite encore des secours surtout en Cavalerie. Le district Soumet sa position au C-te Milit. en l’Hôtel-de-Ville et le supplie d’envoyer promptement des forces auxiliaires.

VI

Нац. арх.

Y. 10530.

Cedule commencée le 7 Septembre 1786 et finie le 7 Septembre 1790.

Du 22 Oct. 1789.

En la chambre de l’instruction criminelle publique au châtelet de Paris.

Michel Adrien âgé de vingt cinque ans et demie, ancien soldat, natif de Paris et gagne denier, D-e rue des jardins, deffendeur et accusé, assisté de M. Antoine Marcel de Bruce, Procureur au Chatelet, son conseil, nommé d’office.

A dit qu’il n’a jamais excité d’emeute dans le faubourg S-t Antoine et le fbg. St. Marceau, qu’il est vrai qu’il a crié de se rendre à la porte de la Bastille pour avoir le pain plus librement, n’a point reçu d’ordre pour cette démarché, y a été excité par un nommé Pierre Bourguignon, qui lui a remis une carte qu’il n’a pas lue, ne sachant pas lire, qu’il étoit pris de vin, ne savoit ce qu’il fesoit, n’a jamais excité de tumulte, ni reçu d’argent pour cela, qu’il a une fois excité les habitants du faubourg S-te Antoine de se rendre aux portes de la B-lle mais sans mauvais dessein. A dit il est vrai une fois qu’il falloit aller aux filles de la visitation, soupçonnant qu’il y avoit de fusils. Est innocent du crime d’emeute et de sédition.

Conclusions du procureur du Roi. M-rs. Boucher d’Argis Rapporteur d’avis par jugement prévotal et en dernier Ressort de le declarer convaincu d’avoir le jour d’hier cherché à exciter une sédition en criant dans les rues qu’il falloit que le fauxbourg St. Antoine et les ouvriers de la Bastille se réunissent au fauxbourg St. Marcel pour aller dans les couvents indiquant à cet effet un lieu de rendez-vous dans un cabaret rue St. Paul et donnant à lire une carte portant invitation de ladite réunion et d’avoir par les propos et cris seditieux calomnié les habitants des susdites fauxbourgs qu’il supposoit capables de se porter à ses mauvais desseins; pour réparation-pendu, 200 fl. d’amende etc. (sic).

Dire que le nommé Pierre Bourguignon qui sera indiqué sera pris au corps et son procès fait et parfait suivant la rigueur des ordonnances. Le jugement imprimé lu, publié et affiché etc. (Следуют подписи). Arrêté par jugement prévôtal et au dernier ressort à l’avis du rappt.

VII

Письмо министра двора (копия)

Нац. арх.

О1 500. f°, 449.

М. le С-te de Clermont Tonnerre président de l’assemblée Nationale

Projet de detruire les Brigands

Versailles 23 août 1789.

Monsieur le président,

J’ai reçus avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le projet qui aurait paru mériter attention et dont l’objet serait de rétablir la tranquilité dans la capitale en procurant du travail à tous les gens qui en manquent actuellement et en leur donnant un salaire convenable; je communique sur le champ ce Mémoire à Monsieur le maire de Paris en le priant de l’examiner et de se concerter avec moi pour son exécution, si rien ne s’y oppose.

Je suis avec respect M. le Président.

Votre (подписи нет).

VIII

Нац. библ., отдел рукописей

f. fr., nouv. acq. № 307–3048.

Plans et propositions de M. Boudin en faveur des pauvres.

На полях: lorsque le comité sera formé il sera nommé sur le champ une commission pour examiner le plan intéressant de M. Boudin. Il lui sera donné connaissance du present arrêté en le priant de reunir jusqu’à ce moment les autres renseignements qu’il pourrait trouver sur le même objet. Au comité le 11 Octobre 1789.

George d’Epinoy, Président.

Ce 9 Octobre 1789.

Messieurs,

Je regrette bien que l’ordre du jour reclamé par quelques membres de l’assemblée ne m’ait pas permis de faire hier le développement de mes deux projets en faveur des pauvres de la capitale. – Je commencerai aujourd’hui une garde de 24 heures; je partirai mardi ou mercredi prochain au plus tard, pour un voyage de plus de 15 jours; et d’ici à mon départ je serai forcé de donner tout mon temps à beaucoup de courses et d’affaires. Cependant je crois mes deux projets très bons, indispensables mêmes; car nous venons d’être convaincus que ce n’est plus ni avec des canons, ni avec une garde nombreuse que l’on peut contenir le peuple manquant de subsistances; ce sera bien autre chose pendant l’hiver.

Je n’ai entendu faire aucune objection contre mon premier projet et je crois en effet qu’il n’en est pas susceptible. Il ne s’agit pas de forcer, mais d’inviter seulement les gens riches à se charger de la nourriture et entretien d’un pauvre pendant six mois. Je suis bien persuadé, Messieurs, qu’il y dans la capitale beaucoup plus de citoyens dans l’opulence que dans l’indigence; autrement les premiers n’auroient pas un moment à perdre pour se sauver. Et lorsque moi (qui ne réunit pas beaucoup plus de 3000 1. de revenu avec ma place et mon patrimoine, et qui ai une femme et deux enfans), je me charge exclusivement de la nourriture et de l’entretien du premier pauvre qui se fera enregistrer au district, je ne vois pas que le nombre des pauvres puisse l’emporter sur celui des particuliers opulens? Proportion gardée, la place Vendôme seule pourroit nourrir et entretenir tous les pauvres d’un district.

Je vous supplie donc, Messieurs de vouloir bien, dans le compte que vous devez rendre à l’assemblée de mes deux projets insister sur l’acceptation du premier qui peut, sur le champ, faire disparoitre la mendicité, et ôter au peuple tout sujet légitimé et même tout pretexte de mécontentement, seul moyen d’assurer l’existence des riches pendant cet hiver.

Vous voyez, Messieurs, que par ce premier projet il n’y auroit aucune administration, aucune caisse, aucun maniement de deniers, ce qui ôteroit tout pretexte de defiance et de soupçons, de prédilection – chaque pauvre seroit surveillé – assuré de sa subsistance, il reprendroit courage; car lorsque je vois tous les capitalistes se donnent tant de mouvement pour augmenter leur fortune, il m’est impossible de croire que dès qu’un malheureux est hors d’inquiétude pour sa nourriture et son entretien, il perd tout aussitôt le gout du travail. Ce reproche n’a été imaginé que par ceux qui cherchent des prétextes pour se dispenser de faire l’aumône.

Dans le faubourg St. Antoine, dans le faubourg St. Marceau, dira-t-on peut être, – il n’y aura pas assez de gens riches pour nourrir les indigens.

Je ne le crois pas, mais quand je me tromperois, ce ne seroit toujours pas une raison pour que dans tous les districts de Paris on n’y employât d’abord le premier moyen que je propose.

Si contre mon attente ce moyen était insuffisant, alors on pourra passer aux Bureaux et aux atteliers de charité contre lesquels on n’a pas formé nonplus aucune objection serieuse.

On nous a parlé des mesures de l’Hôtel-de-Ville. Eh, Messieurs! qu’en pouvons nous attendre en faveur des pauvres, à présent qu’il a épuisé tous ses fonds, puisque pour aides les boulangers d’un simple prêt de 300 mille livres, il est obligé d’avoir recours à la triste ressource d’une souscription? Croyez-moi, mes chers concitoyens, ceux qui ne peuvent pas nous donner du pain pour de l’argent, ne seront jamais en état d’en donner pour rien à tous les pauvres de la capitale. On nous a dit aussi qu’en adoptant les Bureaux de charité, il falloit rejetter de notre sein tous les pauvres des provinces. Si cela pouvoit s’executer, il ne nous resteroit pas beaucoup d’indigens car chacun sait que le plus grand nombre des habitants de Paris n’y ont pas pris naissance, – mais, Messieurs, je crois qu’un semblable triage auquel j’avois d’abord pensé seroit impraticable et dangereux dans la fermentation actuelle – il seroit même inhumain à l’entrée de l’hiver. Je me flatte de connoitre aussi bien qu’un autre, les ressources que les campagnes peuvent offrir aux indigents, mais le moment de les y repousser n’est pas encore arrivé, ainsi que vous pourrez vous en convaincre par la lecture de mémoire ci-joint sur les dessechements et les défrichements.

Un honorable membre a voulu nous faire entendre aussi que les pauvres du Berry se nourrissoient et s’entretenoient avec presque rien. Il m’a paru que l’assemblée me dispensoit de répondre a cette objections. Mais quand elle seroit fondée, il n’en seroit pas moins vrai que nous sommes toujours dans l’indispensable nécessité de nourrir et d’entretenir les nôtres de manière à les preserver de l’horrible extremité [1]1
  Сначала было написано: nécessité; это слово зачеркнуто и над ним написано: extremité.


[Закрыть]
de nous arracher de force ce qu’ils n’auroient pu obtenir de notre humanité, de notre premier intérêt même celui de notre existence. Encore un mot sur les pauvres du Berry – il y en a beaucoup et la province n’est pas riche, ce qui peut rétablir la proportion entre eux et ceux de la capitale.

Enfin j’ai aussi entendu un honorable membre proposer qu’en admettant les Bureaux de charité, on supprimât la quête des commissaires des pauvres et autres établissements de ce genre, afin de tout réunir dans la caisse du District – je suis bien du même avis; et j’ai cru que la chose arriveroit ainsi, parcequ’il est convenable d’appeller les curés aux Bureaux et aux atteliers que je propose d’établir.

J’oubliois encore une objection – c’est celle qu’on a tirée des risques que nous avons couru par les atteliers de charité de l’ancienne administration. Oh, rien de plus vrai, ces atteliers étoient très inutiles, très dangereux. Mais les bureaux et les atteliers partiels que je propose d’y substituer n’y ont nulle ressemblance, nul rapport et par conséquent cette objection tombe d’elle même.

A l’égard des semestriers qui vont traverser la capitale et qui pourroient être tentés de s’y arrêter, je ne crois pas que leur surveillance doive entrer dans la composition des Bureaux et des atteliers de charité. C’est la un des objets qu’on doit abandonner au comité de Police de l’Hôtel-de-Ville, ou plutôt au comité militaire.

Telles sont, Messieurs, les réflexions que je vous supplie d’opposer aux objections qui m’ont été faites. Je ne vous dissimulerai pas que j’ai la présomption de croire que mes deux projets sont très salutaires et seuls capables de prévenir les malheurs, dont nous sommes menacés. Mais si l’assemblée en juge autrement, elle n’a pas un moment à perdre pour exécuter le projet qu’elle adoptera, j’y souscris d’avance. Car si je tiens à mes idées, je tiens encore davantage à mon existence et à celle de ma femme, de mes enfans et de mes concitoyens.

Je suis avec respect, Messsieurs,

Votre très humble et très ebéissant serviteur

Boudin.

Rue Basse du Rempart.

IX

Нац. библ., отдел рукописей f. fr. nouv. acq. 3241 (f. 164).

Adresse au commandant général par les ouvriers de la Bastille, du 21 Oct. 1789.

Mon général,

Les ouvriers de la Bastille, toujours empressés à ramener le calme dans les momens de trouble, tranquils dans leurs travaux à la destruction du Colosse formidable de cette forteresse, s’appercurent que des gens mal intentionnés pour susciter une insurrection, arrêtèrent une voiture chargée de piques, y mirent le feu et se préparèrent à de plus grand dégât, lorsque nous accourumes et remediâmes autant qu’il fut en notre pouvoir à appaiser les furieux. Et l’effervescence qui s’étoit manifesté devint calme, nous nous retirâmes chacun, et nous continuâmes nos travaux.

Tel est l’exposé sincère et fidèle de notre conduite et celle dont nous sommes jaloux de conserver, sur ce nous vous prions de nous croire. Avec le plus profond respect Mon général

Vos très humbles et très obéissants serviteurs Noms des ouvriers députés pour se présenter chez M. Lafayette.

Guerard dit Tourangeau

Laserre Daix

Toussaint Liotet

Pierre Bounin

Chevillette

Bosthien dit Gambeau

За подписями черта, a под ней слова:

Copie de la lettre de Lafayette.

X

Нац. библ., отдел рукописей

Mss. nouv. acq. fr. 3241 (f. 165).

Ordre de M-r Jallier de Savault, conseiller adm-r de la Municipalité de Paris à l’entrepreneur de la démolition de la Bastille.

Je prie justement M-r Palloy comme la ville se trouve surchargée par des dépenses journalières, d’ordonner une suppression d’ouvriers, mais que cette supression ne frappe pas sur les hommes chargés d’une nombreuse famille, qui méritent tous égard et que la préférence demeure à ceux qui ont des droits par leurs ancienneté dans cette démolition, je m’en rapporte à votre zèle et à la surveillance de M-rs les inspecteurs.

A Paris ce 25 Octobre 1789.

Signé Jallier de Savault,

Cons-er Administrateur de la

Municipalité de Paris.

XI

Нац. арх.

D. IV. 49. Пачка 1425 (février à juillet 1790)

Сверху пометка:

«comités de constitution et imposition le 13 fevr.»

13 Févr. 1790.

Les ouvriers du Fauxbourg St. Antoine à l’Assemblée Nationale.

Messieurs!

Nous sommes français! notre liberté est l’œuvre honorable de votre sagesse. Votre inaltérable civisme nous inspira le noble et persévérant courage qui assure notre conquête: nous saluons dans cette auguste assemblée les patriotes généreux qui nous ont fait devenir des hommes, et qui ont applaudi avec allegresse lorsque nous avons brisé nos fers. Avant tout nous renouvelions le serment unanime de vivre et mourir pour la loi, nos frères et la liberté. Vous avez, Messieurs! proclamé les français pour un peuple d’amis et de frères; cette juste proclamation nous impose le devoir de vous assurer que de nouvelles preuves de notre valeur et de notre force vous seront toujours données avec un empressement plus vif et mieux entendu qu’en 1789. Nous déclarons qu’avant de. parvenir jusqu’à vous les ennemis auront dû s’ouvrir un passage à travers nos cœurs. Qu’ils se persuadent bien que les français sont libres, qu’ils ont formé la noble et vigoureuse resolution de ne pas cesser de l’être; pareeque nous savons qu’une nation qui perd sa liberté ne la recouvre jamais. Nos frères des départements s’accordent à penser comme nous; ils sont nos rivaux de zèle et de patriotisme; ils s’uniront à nos efforts ou plutôt ils nous permettront d’unir les nôtres aux leurs.

Nous venons déposer dans le sein de nos augustes représentants l’expression d’un vœu qui à l’œil de la nature doit paroitre simple autant que juste et qui étant accueilli, feroit évanouir la préseance des ainés sur les cadets c’est-à-dire des fortunés sur ceux qui ne le sont pas. Les ainés – ce sont les citoyens actifs; les cadets n’ont que le titre de citoyens français; et il nous semble qu’un droit d’ainesse détruit celui de l’égalité, de la liberté même.

Loin de nous toute volonté particulière! nous exprimons notre désir, dont nous souhaitons l’accomplissement, pourvu qu’il n’altère en rien le cours et les prudentes combinaisons de la volonté générale. Loin de nous tout esprit de division et d’intérêt privé! Si votre sagesse juge à propos de favoriser notre demande nous aurons eu le bonheur de ne pas nous être trompés. Si le contraire arrive, législateurs! notre zèle inviolable n’en sera que plus actif et plus civique; vous nous verrez toujours vos plus zélés défenseurs. Nous ne sommes pas citoyens actifs, pareeque nous ne payons pas une imposition directe. Cependant l’activité civique, ne le dissimulons pas à nos meilleurs amis est à nos yeux le plus beau titre qui puisse honorer de bons français: ah! si nous pouvions l’obtenir, l’indigence laborieuse souferte au sein d’une probité sévère annobliroit nos ames fières et naives qui ne connoissent ni les besoins de détail, ni les voluptés, ni les corrup-lions de la richesse. Les mœurs y gagneroient infiniment. Quand les hommes ont la conscience de ce qu’ils valent et une juste estime d’eux-même, la sphère de leurs facultés intellectuelles s’aggrandit; ils sentent bientôt une certaine majesté dont ils doivent soutenir l’influence; un impérieux instinct les dérobe au piège jadis coutumier, des souillures morales; ils reçoivent le sentiment délicat de la pudeur; et là, où le peuple aime a reconnoitre l’empire et le caractère de la vertu, commence le règne des mœurs.

Daignez, Messieurs! considérer que la pauvreté est le fléau de la multitude, et celle-ci compose les deux-tiers de la population françoise. Si le premier tiers est quelques chose ou peut le devenir et que les deux autres ne soient rien, l’un jouit de tous les bienfaits, insérés dans vos nouvelles loix, tandis que les deux autres entièrement passifs languissent dans la nulleté la plus absolue.

C’est le contraste de la richesse avec la pauvreté qui constitue l’utilité de l’une à l’égard de l’autre. Si personne n’était pauvre, personne ne seroit riche. Quelle différence y a-t-il donc entre celui qui a de la fortune, et celui qui n’en a pas, l’homme fortuné, fatigué de loisirs, achète de quoi satisfaire ses goûts, ses caprices, ses besoins superflus. Le pauvre qu’il paye, se donne la peine de lui vendre et d’executer ce qui plait à ses fantaisies. L’un sans talent, seroit bien à plaindre, si la fortune lui manquoit, l’autre qui éprouve peu de besoins scait quelquefois trouver le bonheur avec le salaire de son industrie. Tous les deux sont des hommes; et mis dans la balance de la vertu, l’indigent peut souvent l’emporter sur le riche; il ne lui manquera que de l’instruction; mais qu’on elève son âme il en aura bientôt acquis. Qu’on se rapelle que presque tous les hommes de génie on été pauvres.

Comment seroit-il donc possible de nous accorder l’activité civique? Nous formons le vœu le plus unanime en faveur d’une imposition capitale que l’on pourrait percevoir sur chacun de nous, comme la taille personnelle, établie sur les cultivateurs non propriétaires; il seroit facile de faire des retenues sur le prix de nos journées et de le (sic) verser, ensuite, au bout de chaque quinzaine et de chaque mois entre les mains d’un citoyen actif qui en compterait à la caisse du district. Ce que l’on feroit pour nous, pourroit être mis en pratique pour tous les autres ouvriers de Paris: et ce qui seroit possible dans les murs de la capitale pourroit l’être dans tous les départements. La quittance de notre imposition serviroit à chacun de nous de titre pour avoir une carte de citoyen actif. Ce seroit là le complément de l’Egalité fraternelle. Sans quoi notre existence rapelle celle des ilotes. Des Ilotes dans Lacedemone! Ils perdirent et deshonorèrent cette libre et majestueuse République. Nous demandons, si cela ne nuit pas à la chose publique qu’on fasse disparoitre jusqu’au nom flétrissant des impositions indirectes. Que chaque tête paye deux sols par jour; chacune d’elle acquittera alors par mois 3, et pour l’année 36 I. Il y a 25 millions de Français, vous aurez donc une recette annuelle et totale de 900 millions; mais supposons qu’un tiers échape à l’impôt, il vous restera toujours ce que vous désirez, Messieurs – le produit net de 600 millions. Quel citoyen ne donnera pas deux sols par jour, pour salarier la force necessoire qui s’aplique à la Loi!

Les impôts indirects ont des inconvénients remarquables; ils arment, dans une même patrie des frères contre des frères; ils produisent les mêmes scènes sanglantes que le fanatisme parmi nos ayeux; les uns veulent enfreindre les loix fiscales et les autres repoussent les violateurs, les armes à la main. Entre l’attaque et la résistance s’allument des haines implacables, aux extrémités des villes ou des départements, là où devroit veiller la sentinelle de la liberté, sous l’egyde de la Cocarde et du Patriotisme, on ne rencontre que des ennemis et des perturbateurs.

Si le droit et la liberté sont tout, pour que ce tout soit également partagé il nous semble qu’il faut diminuer, autant qu’il est possible, le nombre

des oppresseurs soudoyés afin d’être moins affligés par les plaintes, les misères et les larmes des opprimés.

Une taxe personnelle ne deshonore personne; au contraire chacun devra la supporter avec plaisir; chaque citoyen verra ce qu’il doit et ce qu’il donne à la patrie; il en surveillera l’emploi; il indiquera les abus; et avec le temps, l’or des subsides n’ira plus se perdre dans les canaux multipliés d’une fiscalité astucieuse, il y a une certaine facilité, un certain art a déployer dans le mode de perception. L’on peut tout avec les encouragements» persuasifs du Patriotisme et de l’Equité. Une imposition unique et personnelle! Tous les citoyens s’empresseroient d’y faire honneur en bénissant le sage decret qui l’aurait établie.

Nous avons exprimé librement notre vœu, nous laissons avec confiance à votre génie de raison et de l’equité le soin spontané de l’acueillir ou d’en motiver le danger, et comme vos loix sont pour nous les oracles de la sagesse même, ou vous accepterez notre doléance comme un principe d’utilité, cher à l’intérêt public, ou nous serons convaincus que si c’est une erreur le patriotisme – seul nous l’aura fait commetre de bonne foi, et quand vos lumières et votre justice nous l’auront indiquée, désabusés par vous, notre retour à la vérité vous donnera, augustes frères! de nouveaux droits à notre vive et affectueuse reconnaissance.

Signé.

(26 подписей).

Ses signatures aprouvé par tous les ouvriers du fb. St. Antoine.


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