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La fille de Fantômas (Дочь Фантомаса)
  • Текст добавлен: 21 октября 2016, 18:45

Текст книги "La fille de Fantômas (Дочь Фантомаса)"


Автор книги: Марсель Аллен


Соавторы: Пьер Сувестр
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Quel était le but secret qu’il poursuivait ?

Le policier ne devait avoir qu’une seule pensée, qu’un seul désir : sauver Fandor, le sauver à tout prix.

Depuis quarante-huit heures qu’il avait vu arrêter et conduire en prison son infortuné ami, Juve se désespérait à l’idée qu’aucun d’eux ne pourrait réussir, et que, vraisemblablement, malgré Juve, le malheureux Fandor, traîné devant la cour de Pietermaritzburg, y serait condamné, puis exécuté, sans qu’on ait rien pu faire pour lui.

Il arrive que l’approche du danger inspire. Juve, tout à coup, avait formé un plan audacieux :

On allait transférer le prévenu de la prison de Durban à celle de la capitale, où siégeait la Cour suprême. Eh bien, c’était pendant ce trajet qu’il fallait faire évader Fandor.

Juve s’était donc rendu au siège social de la Compagnie de chemin de fer, confiant dans sa bonne étoile et se jurant qu’il obtiendrait, coûte que coûte, l’autorisation de faire le parcours sur la locomotive, prétextant il n’en savait trop quelle histoire, mais convaincu de la réussite.

Or, l’ingénieur était malade et devait renoncer à une inspection annoncée depuis plusieurs jours.

D’après ce qu’il venait d’apprendre du mécanicien, Juve estimait que la tâche était singulièrement facilitée.

Il avait retenu ceci : la locomotive irait d’abord accrocher à son tender la voiture cellulaire, puis, avec ce seul wagon, elle s’en irait fort avant sur la voie attendre le moment venu de reculer pour prendre le train alors en gare de Durban.

Donc, pendant une dizaine de minutes, peut-être, un convoi uniquement constitué par la locomotive et le wagon cellulaire se tiendrait en pleine campagne, à deux kilomètres au moins de toute habitation.

Juve devrait alors faire un coup de force, obliger les mécaniciens, sous la menace du revolver, peut-être, à conduire leur machine un peu plus loin encore. Ensuite, il n’aurait plus qu’à libérer Fandor et à s’enfuir avec lui dans la campagne.

Fandor serait gardé, lui avait-on expliqué, par de braves gens qu’il pourrait peut-être gagner par un bon pourboire. En tout cas, quoi qu’il pût arriver, Juve tirerait Fandor d’affaire, ou alors il y laisserait sa peau.

Si extraordinaire et irréalisable que parût ce plan au premier abord, Juve, au fur et à mesure que s’approchait le moment de le mettre à exécution, se sentait devenir de plus en plus calme, il acquérait de plus en plus la certitude, la conviction qu’il allait réussir.

Certes, le plus délicat c’était d’obtenir du mécanicien qu’une fois celui-ci sur la voie principale avec sa machine et la voiture cellulaire, il consentît à avancer de quelques kilomètres, alors qu’en réalité son devoir était d’attendre et de reculer pour prendre le train express qu’il devait conduire à Pietermaritzburg.

Mais Juve se disait que les mécaniciens de la locomotive, malgré la surprise qu’ils éprouveraient, n’hésiteraient pas à obéir à l’ordre de leur supérieur : Juve.

Lorsqu’on serait en rase campagne, on s’expliquerait.

Juve, sur le bord d’une route, entra dans une modeste auberge, se fit servir un repas rapide.

À une heure moins deux, Juve enjambait la balustrade, se retrouvait dans la gare. Désormais, les événements allaient s’enchaîner avec une irréductible régularité.

– Mon plan, se répétait Juve, est sans doute audacieux, mais pas irréalisable… Sauverai-je Fandor ?

Et, serrant les poings, menaçant du regard un ennemi invisible, Juve concluait :

– Oui, malgré tout le monde, malgré Fantômas, je sauverai Fandor.

30 – LE VOL DE LA « PACIFIC »

Seul sur sa locomotive, l’ingénieur, ou tout au moins le personnage qui s’était donné pour tel aux employés de la Compagnie, attendait les signaux pour démarrer.

La puissante « Pacific », d’une force de 24.000 CV, haletait doucement, cependant qu’à l’intérieur de ses flancs grondait une demi-tonne de charbon de terre enflammé.

Par un hasard incroyable, l’ingénieur, qui n’était autre que Juve, se trouvait seul sur la machine que successivement ses deux pilotes avaient abandonnée et voici pourquoi : contrairement aux usages, le chauffeur de la locomotive, qui depuis deux heures déjà s’occupait de sa machine, lui prodiguant tous ses soins, alimentant son foyer et ses réservoirs, prenant la précaution de graisser et d’huiler ses moindres rouages, avait quitté son poste à quelques minutes même du moment où la manœuvre allait se faire.

La machine, en effet, était sortie du dépôt. On l’avait amenée sur la voie de garage et refoulée jusqu’au wagon pénitentiaire auquel les hommes d’équipe n’allaient pas tarder à l’accrocher.

Il était environ une heure quatorze, l’express venant de Vérulam et que devait prendre cette machine en gare de Durban avait été signalé.

***

Juve, voulant jouer avec un imperturbable sang-froid son rôle d’ingénieur de la Compagnie, était arrivé quelques instants auparavant. Il était monté sur la locomotive et n’y avait trouvé que le mécanicien qu’il avait interrogé avec une certaine curiosité sur la disparition du chauffeur.

Quelques instants auparavant, il avait dit qu’il retournait chercher un marteau oublié près du tas de charbon, mais son absence était trop longue pour être justifiée.

– Écoutez, dit Juve au mécanicien, après avoir regardé sa montre, vous allez me faire le plaisir d’aller me chercher tout de suite votre camarade.

– Vous n’y pensez pas, monsieur l’ingénieur. Vous savez que les règlements m’interdisent d’abandonner ma machine, sous pression.

– C’est exact, mais n’oubliez pas que vous avez un supérieur à bord. D’ailleurs, je prends l’entière responsabilité de cet ordre.

Le mécanicien partit donc à la recherche de son compagnon.

Juve, resté seul, poussa un soupir de soulagement.

L’absence inopinée du chauffeur lui avait permis d’éloigner le mécanicien.

Si, entre-temps, le chauffeur revenait, Juve l’enverrait aussitôt courir après le mécanicien en lui donnant une indication telle qu’il ne pourrait le rencontrer avant longtemps.

Juve, en effet, tenait à demeurer seul à bord le plus longtemps possible. En policier complet qu’il était, le maniement d’une locomotive n’était pas fait pour l’épouvanter.

Pour l’instant, il était sur des charbons ardents.

Un quart d’heure auparavant, en effet, il avait vu amener au wagon cellulaire le malheureux Jérôme Fandor, entre quatre geôliers. Mais les hommes, après avoir installé leur prisonnier dans la voiture pénitentiaire, s’étaient retirés, laissant l’infortuné pieds et poings liés, sous la simple surveillance d’un jeune soldat qui avait pour mission de le convoyer jusqu’à Pietermaritzburg.

Si le wagon avait été attelé à ce moment-là au tender de la locomotive, Juve n’aurait pas hésité à mettre cette dernière en marche, à s’enfuir dans la campagne, mettant entre lui et la civilisation dix bons kilomètres de régions inhabitées, après quoi rien ne serait plus facile que de faire évader Fandor.

Mais, les hommes d’équipe ne se pressaient pas de venir atteler, et Juve, au fur et à mesure que s’écoulaient les secondes, se sentait perler au front une sueur d’angoisse.

Jamais aussi belle occasion ne se représenterait pour fuir ainsi sans témoin, et sans adversaire.

Juve trépignait littéralement sur la locomotive dont s’échappait l’épaisse fumée blanche qui l’enveloppait comme un nuage.

Juve, pour nourrir son inaction avait chargé le foyer et le charbon ronflait sous la chaudière. Celle-ci, par ses soupapes de trop plein, lâchait une vapeur brûlante au sifflement rauque.

– Bon Dieu, jurait Juve, ces manœuvres arriveront-ils avant le retour du chauffeur et du mécanicien ? Si seulement ce maudit wagon était attelé, nous serions déjà loin.

Le tapage que faisait la locomotive sous pression était tel, d’une part, et Juve était si absorbé dans sa réflexion, de l’autre, que c’est à peine s’il prit connaissance d’une scène étrange qui se déroulait tout à côté.

Mais, un coup de feu tiré à quelques mètres de la locomotive le fit tressaillir soudain.

Le policier se pencha sur la barre d’appui pour regarder ce qui avait pu se produire. Mais, en même temps il sentait la machine démarrer lentement en poussant de gros soupirs, lâchant par sa cheminée une fumée noire chargée d’escarbilles.

Juve se retourna :

Un homme qu’il n’avait pas vu monter avait dû tirer la barre d’acier qui commandait les tiroirs d’admission et cet homme, écroulé devant le foyer regorgeant de charbon, demeurait inerte.

La puissante « Pacific » s’éloignait du wagon cellulaire auquel on aurait dû l’attacher.

Chaque tour de roue qu’elle effectuait la séparait de la prison dans laquelle on avait enfermé Fandor, et que Juve avait si bien combiné depuis quarante-huit heures, d’entraîner dans la campagne derrière la locomotive.

Le policier poussa un juron.

– Nom de Dieu, malédiction, hurla-t-il.

Et, dans un geste impulsif, il empoigna par les épaules le satané chauffeur qui, croyait-il avait eu la malencontreuse idée de faire démarrer la machine.

Juve renversa l’homme, mais à cet instant même il recula stupéfait car il venait d’apercevoir son visage et il l’avait reconnu.

Déjà ils s’étaient jetés dans les bras l’un de l’autre.

– Juve !

– Fandor !

C’étaient en effet Juve et Fandor qui, par le fait des circonstances les plus ahurissantes, se trouvaient réunis sur cette locomotive lancée à toute allure à travers la campagne.

Ainsi les deux amis se retrouvaient. Après s’être pendant des semaines couru l’un après l’autre, ils étaient enfin en présence.

Que s’était-il donc passé ?

***

Tandis que Juve trépignant d’impatience, et seul sur sa locomotive, attendait que les hommes d’équipe vinssent accrocher le wagon cellulaire, où se trouvait Fandor, à la locomotive, voici la série d’épisodes qui s’était déroulée.

Le chauffeur dont l’absence avait paru inexplicable était en effet allé rechercher un marteau oublié dans la réserve à charbon.

Or, comme il venait de retrouver l’outil qui lui était indispensable et, au moment où il se disposait à rejoindre son poste, il avait été lâchement frappé par derrière d’un coup de poignard qui lui avait perforé le poumon.

Le malheureux, vomissant des flots de sang par la bouche et les narines, s’affaissa sur le sol, saupoudré de charbon, sans un mot, sans un geste, foudroyé. Le crime avait été commis avec une adresse, une dextérité inimaginables. Il avait, en outre, été exécuté sans témoin, et le meurtrier, une fois ce forfait accompli, s’était rapidement enfui, laissant son arme plantée entre les deux épaules de sa victime. Cet homme aussitôt avait couru en direction du wagon cellulaire, il avait passé au ras de la locomotive, et après avoir jeté un coup d’œil narquois à Juve qui, toujours sur sa plate-forme ne l’apercevait pas, il s’était introduit dans la voiture où Fandor était seul avec son jeune gardien. Ce dernier, surpris par la brusque irruption de l’inconnu, avait mis l’arme au poing :

– Que voulez-vous ?

Le nouvel arrivant, avec une surprenante rapidité s’était jeté à la gorge du factionnaire, lui avait enserré le cou entre deux mains noueuses et robustes. Le malheureux geôlier était tombé étourdi. Quelques instants plus tard, il mourait étouffé.

L’assassin, alors, s’était redressé, ses yeux brillant d’un éclat étrange, et quiconque l’aurait vu à ce moment, le visage contracté, la bouche mauvaise animée d’un rictus féroce, n’aurait pas manqué de reconnaître le bandit légendaire dont le nom seul fait tressaillir les hommes : Fantômas.

C’était Fantômas, en effet, qui venait de commettre en l’espace de quelques instants ces deux assassinats.

Toutefois, si le meurtre du chauffeur s’était effectué sans témoin, quelqu’un avait vu Fantômas étrangler le geôlier… et ce quelqu’un en assistant à ce drame horrible était devenu livide car il se doutait bien qu’il allait à son tour être la victime du monstre et que rien ne pourrait lui permettre d’y échapper : il était hors d’état de se défendre avec des menottes aux mains, et les chevilles entravées. Ce témoin n’était autre que Fandor.

Pour la première fois depuis le début de sa sinistre odyssée, Fandor revoyait Fantômas.

Fantômas cependant s’était jeté sur le journaliste, mais loin de le frapper, il s’était évertué à lui rendre sa liberté.

En un clin d’œil, l’extraordinaire bandit avait fait sauter les menottes, avait détaché la chaîne qui entravait les jambes du jeune journaliste.

– Fandor, s’était écrié Fantômas, je vous rends votre liberté, fuyez.

Le monstre saisit le jeune homme aux épaules et celui-ci abasourdi, obéit, cédant à la poussée brusque qui le jetait hors du compartiment cellulaire, sur la voie du chemin de fer.

Le journaliste, hagard, regardait le bandit sans comprendre.

Fantômas avait insisté :

– Cette locomotive est préparée pour vous. Montez-y, déclenchez le tiroir d’admission de vapeur. La première poignée à votre gauche. La locomotive partira. Tout est préparé.

– Quoi ?

Mais le bandit, riant d’un rire sardonique, s’était contenté d’ajouter :

– Obéissez, et souvenez-vous, Fandor, que vous devez la vie à Fantômas.

Cela, au milieu d’un tapage infernal, dans le brouhaha que faisait la locomotive haletante au moment précis où les cylindres se purgeaient. Mais Fandor, avait hurlé :

– Fantômas, Fantômas, je n’accepte pas.

– Acceptez, ordonna Fantômas, ou alors…

– Je n’accepte pas, répétait Fandor.

Fantômas avait bondi sur la voie et empoigné Fandor, qu’il déposa sur la locomotive. Puis, il tira la barre de mise en marche pendant que Fandor, abasourdi, incapable de résister, se laissait tomber sur la plate-forme à côté du foyer.

Cependant que la locomotive se mettait en marche, Fantômas, resté sur la voie, se rapprochait de la voiture cellulaire et déchargeait son revolver, non sans avoir au préalable, salué le départ de la machine de ces paroles aussi cruelles qu’énigmatiques :

– Je vous ai promis, Juve et Fandor, de vous réunir… car je me suis juré de vous faire périr ensemble.

Puis, comme le coup de feu avait attiré du monde dans le voisinage de la voiture cellulaire, et que les gens qui accouraient manifestaient leur surprise de voir partir la machine, Fantômas avec une assurance inouïe, un aplomb admirable, hurlait pour les renseigner :

– Au secours… au secours… le prisonnier vient de s’échapper de sa cellule et il a assassiné son gardien.

***

La locomotive trouait l’espace, lancée à travers la campagne, brûlant les signaux, passant en trombe dans les petites stations de la banlieue et des faubourgs de Durban. Juve et Fandor ne s’apercevaient de rien, tant ils étaient à la fois surpris et satisfaits de se trouver ensemble. Tous deux parlaient à la fois, s’interrogeaient sans ordre, se questionnaient sans écouter leurs réponses. Ils avaient, en effet, de quoi être passablement interloqués. Juve retrouvait Fandor libre et miraculeusement sauvé. Fandor se trouvait en présence de Juve qu’il croyait encore en Europe.

– Fandor, Fandor, qui donc t’a libéré ? demande Juve.

Et le journaliste de répondre : Fantômas.

Mais à peine avait-il prononcé ce nom qu’il se taisait.

– Fantômas est intervenu, devait dire Juve un peu plus tard. Méfions-nous.

Le policier ne croyait pas si bien dire.

Depuis quelques instants la puissante locomotive avait des soubresauts inquiétants et ronflait avec une ardeur véritablement anormale.

– Ça monte, ça monte, Juve, s’écria Fandor, le nez sur le manomètre.

Les deux hommes se regardèrent, terrifiés.

Par suite de quelque maléfice dû à Fantômas, les soupapes d’échappement se trouvaient fermées, la pression montait toujours. Il fallait redouter une explosion.

Et la locomotive roulait à cent kilomètres à l’heure.

Sauter à cette allure, étant donné surtout que la voie était bordée d’arbres et de roches, c’était se vouer à une mort certaine. Les deux amis, toutefois, ne perdaient pas leur sang-froid.

L’un et l’autre connaissaient également le maniement des locomotives. Ils coururent à l’extrémité du tender, au levier commandant le frein pneumatique.

– Ralentissons, avait suggéré Juve, et sitôt que nous le pourrons, nous sauterons…

Mais le frein n’agissait pas.

Il n’y avait plus rien à faire. Ah, décidément, Fantômas tenait parole, il les avait rendus l’un à l’autre, c’était exact, mais c’était aussi pour les envoyer à la mort dos à dos.

– Juve.

– Fandor.

– Que pouvons-nous faire ?

– Hélas, je ne vois rien.

La Pacific volait sur les rails, atteignait une vertigineuse vitesse, on la sentait osciller sur ses ressorts puissants.

Il semblait, à chaque instant, qu’elle allait s’arracher de la voie pour tomber dans un gouffre ou grimper au flanc abrupt d’un versant de montagne.

– Il faut tenter quelque chose, avait dit Juve.

Et Fandor venait de voir Juve se pencher sur la plateforme de tôle qui réunissait le tender et la locomotive. Il souleva cette plaque mobile.

Sous le plancher de tôle se trouvaient les chaînes et la puissante vis de serrage qui maintenaient attachés ensemble le tender et la locomotive. S’ils réussissaient à défaire ces attaches, s’ils parvenaient à décrocher les chaînes, à dévisser le tender, la locomotive, allégée du poids qu’elle traînait, bondirait en avant, pourrait, faisant sa course plus rapide encore, s’en aller exploser au loin, sans entraîner avec elle ce tender dont la vitesse peu à peu se ralentirait, qui finirait par s’arrêter.

Avec une hâte fébrile, Juve et Fandor, animés par une lueur d’espoir, défirent les attaches.

Ils réussirent enfin dans leur entreprise, se réfugièrent sur le tender. Deux ou trois secousses. Puis soudain, ils virent la locomotive bondir en avant, subitement délestée de la charge qu’elle traînait derrière elle.

La machine se sépara d’eux.

Ils étaient sauvés.

Mais leur cri de triomphe se changea brusquement en un cri de désespoir :

Sur le petit toit de la locomotive, toit destiné à protéger le mécanicien et le chauffeur des intempéries, s’était dressé quelque chose, quelqu’un qui, les mains jointes, les bras tendus vers eux, semblait implorer secours.

Ce quelqu’un, Juve et Fandor l’avaient reconnu.

Il avait un visage d’une extrême douceur au milieu duquel s’ouvraient de grands yeux clairs. Sur son front, sur ses tempes, bouclaient de beaux cheveux.

– Teddy !

– Hélène !

Juve et Fandor venaient en effet de reconnaître l’enfant.

Le malheureux être que la locomotive désormais libre de tout contrôle entraînait à une mort certaine n’était autre que la fille de Fantômas.

Comment se trouvait-elle donc là ?

Assurément l’audacieuse et téméraire enfant avait eu connaissance du transfert de Fandor à la prison de Pietermaritzburg et – tout comme Juve – elle avait eu l’idée, l’irrésistible désir de partir avec l’infortuné captif, comptant sur le hasard pour lui porter secours.

– Dieu du ciel ! s’écria Fandor.

Juve murmura, les yeux fous :

– Elle est perdue.

Les paroles qu’ils échangeaient se perdaient dans le brouhaha de la machine qui crachait de la fumée et de la vapeur par tous les interstices de ses organes surchauffés.

Et, au fur et à mesure que les secondes passaient, si le tender ralentissait sa marche, la locomotive, elle, augmentait la sienne.

Cinquante mètres, cent mètres en l’espace de deux secondes les séparaient. Une dernière fois, ils entendirent un cri terrible, la malheureuse enfant entraînée par le monstre de fer avait appelé d’une voix déchirante :

– Fandor, au secours…

Et le journaliste, à cette émotion trop forte, tombait évanoui dans les bras de Juve, cependant que celui-ci jurait :

– Je la sauverai, je la sauverai… Il n’est pas possible que Juve laisse ainsi périr la fille de Fantômas.

FIN


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