Текст книги "Семь я (СИ)"
Автор книги: Андрей Козырев
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Maintenant, Seigneur, par la Consecration du Monde, la lueur et le parfum flottant dans l'Univers prennent pour moi corps et visage, en Vous. Ce qu'entrevoyait ma pensee hesitante, ce que reclamait mon coeur par un desir invraisemblable, vous me le donnez magnifiquement : que les creatures soient non seulement tellement solidaires entre elles, qu'aucune ne puisse exister sans toutes les autres pour l'entourer, – mais qu'elles soient tellement suspendues a un meme centre reel, qu'une veritable Vie, subie en commun, leur donne, en definitive, leur consistance et leur union.
Faites eclater, mon Dieu, par l'audace de votre Revelation, la timidite d'une pensee puerile qui n'ose rien concevoir de plus vaste, ni de plus vivant au monde que la miserable perfection de notre organisme humain 1 Sur la voie d'une comprehension plus hardie de l'Univers, les enfants du siecle devancent chaque jour les maitres d'Israel. Vous, Seigneur jesus, " en qui toutes choses trouvent leur consistance ", revelez-Vous enfin a ceux qui vous aiment, comme l'Ame superieure et le Foyer physique de la Creation. Il y va de notre vie, ne le voyez-vous pas ? Si je ne pouvais croire, moi, que votre Presence reelle anime, assouplit, rechauffe la moindre des energies qui me penetrent ou me frolent, est-ce que, transi dans les moelles de mon etre, je ne mourrais pas de froid ?
Merci, mon Dieu, d'avoir, de mille manieres, conduit mon regard, jusqu'a lui faire decouvrir l'immense simplicite des Choses 1 Peu a peu, sous le developpement irresistible des aspirations que vous avez deposees en moi quand j'etais encore un enfant, sous l'influence d'amis exceptionnels qui se sont trouves a point nomme sur ma route pour eclairer et fortifier mon esprit, sous l'eveil d'initiations terribles et douces dont vous m'avez fait successivement franchir les cercles, j'en suis venu a ne pouvoir plus rien voir ni respirer hors du Milieu ou tout n'est qu'Un.
En ce moment ou votre Vie vient de passer, avec un surcroit de vigueur, dans le Sacrement du Monde, je gouterai, avec une conscience accrue, la forte et calme ivresse d'une vision dont je n'arrive pas a epuiser la coherence et les harmonies.
Ce que j'eprouve, en face et au sein du Monde assimile par votre Chair, devenu votre Chair, mon Dieu, – ce n'est ni l'absorption du moniste avide de se fondre dans l'unite des choses, – ni l'emotion du paien prosterne aux pieds d'une divinite tangible, – ni l'abandon passif du quietiste ballotte au gre des energies mystiques.
Prenant a ces divers courants quelque chose de leur force sans me pousser sur aucun ecueil, l'attitude en laquelle me fixe votre universelle Presence est une admirable synthese ou se melent, en se corrigeant, trois des plus redoutables passions qui puissent jamais dechainer un Coeur humain.
Comme le moniste, je me plonge dans l'Unite totale, – mais l'Unite qui me recoit est si parfait qu'en elle je sais trouver, en me perdant, le dernier achevement de mon individualite.
Comme le paien, j'adore un Dieu palpable. Je le touche meme, ce Dieu, par toute la surface et la profondeur du Monde de la Matiere ou je suis pris. Mais, pour le saisir comme je voudrais (simplement pour continuer a le toucher), il me faut aller toujours plus loin, a travers et au-dela de toute emprise, – sans pouvoir jamais me reposer en rien, – porte a chaque instant par les creatures, et a chaque instant les depassant, – dans un continuel accueil et un continuel detachement.
Comme le quietiste, je me laisse delicieusement bercer par la divine Fantaisie. Mais, en meme temps, je sais que la Volonte divine ne me sera revelee, a chaque moment, qu'a la limite de mon effort. Je ne toucherai Dieu dans la Matiere, comme Jacob, que lorsque j'aurai ete vaincu par lui.
Ainsi, parce que m'est apparu l'Objet definitif, total, sur lequel est accordee ma nature, les puissances de mon etre se mettent spontanement a vibrer suivant une Note Unique, incroyablement riche, ou je distingue, unies sans effort, les tendances les plus opposees : l'exaltation d'agir et la joie de subir; la volupte de tenir et la fievre de depasser; l'orgueil de grandir et le bonheur de disparaitre en un plus grand que soi.
Riche de la seve du Monde, je monte vers l'Esprit qui me sourit au-dela de toute conquete, drape dans la splendeur concrete de l'Univers. Et je ne saurais dire, perdu dans le mystere de la Chair divine, quelle est la plus radieuse de ces deux beatitudes: avoir trouve le Verbe pour dominer la Matiere, ou posseder la Matiere pour atteindre et subir la lumiere de Dieu.
Faites, Seigneur, que, pour moi, votre descente sous les Especes universelles ne soit pas seulement cherie et caressee comme le fruit d'une speculation philosophique, mais qu'elle me devienne veritablement une Presence reelle. En puissance et en droit, que nous le voulions ou non, vous etes incarne dans le Monde, et nous vivons suspendus a vous. Mais, en fait, il s'en faut (et de combien 1) que pour nous tous vous soyez egalement proche. Portes, tous ensemble, au sein d'un meme Monde, nous formons neanmoins chacun notre petit Univers en qui l'Incarnation s'opere independamment, avec une intensite et des nuances incommunicables. Et voila pourquoi, dans notre priere a l'autel, nous demandons que pour nous la consecration se fasse : "Ut nobis Corpus et Sanguis fiat..." Si je crois fermement que tout, autour de moi, est le Corps et le Sang du Verbe' alors pour moi (et en un sens pour moi seul), se produit la merveilleuse "Diaphanie" qui fait objectivement transparaitre dans la profondeur de tout fait et de tout element, la chaleur lumineuse d'une meme Vie. Que ma foi, par malheur, se relache, et aussitot, la lumiere s'eteint, tout devient obscur, tout se decompose.
Dans la journee qui commence, Seigneur, vous venez de descendre. Helas! pour les memes evenements qui se preparent, et que nous subirons tous, quelle infinie diversite dans les degres de votre Presence l Dans les memes circonstances, exactement, qui s'appretent a m'envelopper et a envelopper mes freres, vous pouvez etre un peu, beaucoup, de plus en plus, ou pas du tout.
Pour qu'aucun poison ne me nuise aujourd'hui, pour qu'aucune mort ne me tue, pour qu'aucun vin ne me grise, pour que dans toute creature je vous decouvre et je vous sente,
– Seigneur, faites que je croie!
Communion
Si le Feu est descendu au coeur du Monde, c'est finalement pour me prendre et pour m'absorber. Des lors, il ne suffit pas que je le contemple, et que par une foi entretenue, j'intensifie sans cesse autour de moi son ardeur. Il faut qu'apres avoir coopere, de toutes mes forces, a la Consecration qui le fait jaillir, je consente enfin a la Communion qui lui donnera, en ma personne, l'aliment qu'il est venu finalement chercher.
Je me prosterne, mon Dieu, devant votre Presence dans l'Univers devenu ardent et, sous les traits de tout ce que je rencontrerai, et de tout ce qui m'arrivera, et de tout ce que je realiserai en ce jour, je vous desire et je vous attends.
C'est une chose terrible d'etre ne, c'est-a-dire de se trouver irrevocablement emporte, sans l'avoir voulu, dans un torrent d'energie formidable qui parait vouloir detruire tout ce qu'il entraine en lui.
Je veux, mon Dieu, que par un renversement de forces dont vous pouvez seul etre l'auteur, l'effroi qui me saisit devant les alterations sans nom qui s'appretent a renouveler mon etre se mue en une joie debordante d'etre transforme en Vous.
Sans hesiter, d'abord, j'etendrai la main vers le pain brulant que vous me presentez. Dans ce pain, ou vous avez enferme le germe de tout developpement, je reconnais le principe et le secret de l'avenir que vous me reservez. Le prendre, c'est me livrer, je le sais, aux puissances qui m'arracheront douloureusement a moi-meme pour me pousser au danger, au travail, a la renovation continuelle des idees, au detachement austere dans les affections. Le manger, c'est contracter, pour ce qui est en tout audessus de tout, un gout et une affinite qui me rendront desormais impossibles les joies ou se rechauffait ma vie. Seigneur Jesus, j'accepte d'etre possede par Vous et mene par l'inexprimable puissance de votre Corps auquel je serai lie, vers des solitudes ou, seul, je n'aurais jamais ose monter. Instinctivement, comme tout Homme, j'aimerais dresser ici-bas ma tente sur un sommet choisi. J'ai peur, aussi, comme tous mes freres, de l'avenir trop mysterieux et trop nouveau vers lequel me chasse la duree. Et puis je me demande, anxieux avec eux, ou va la vie... Puisse cette Communion du pain avec le Christ revetu des puissances qui dilatent le Monde me liberer de ma timidite et de ma nonchalance ! Je me jette, o mon Dieu, sur votre parole, dans le tourbillon des luttes et des energies ou se developpera mon pouvoir de saisir et d'eprouver votre Sainte Presence. Celui qui aimera passionnement Jesus cache dans les
forces qui font grandir la Terre, la Terre, maternellement, le soulevera dans ses bras geants, et elle lui fera contempler le visage de Dieu.
Si votre royaume, mon Dieu, etait de ce Monde, ce serait assez, pour vous tenir, que Je me confie aux puissances qui nous font souffrir et mourir en nous agrandissant palpablement, nous ou ce qui nous est plus cher que nous-memes. Mais, parce que le Terme vers lequel se meut la Terre est au-dela, non seulement de chaque chose individuelle, mais de l'ensemble des choses, – parce que le travail du Monde consiste, non pas a engendrer en lui-meme quelque Realite supreme, mais a se consommer par union dans un Etre preexistant, il se trouve que, pour parvenir au centre flamboyant de l'Univers, ce n'est pas assez pour l'Homme de vivre de plus en plus pour soi, ni meme de faire passer sa vie dans une cause terrestre, si grande soit-elle. Le Monde ne peut vous rejoindre finalement Seigneur, que par une sorte d'inversion, de retournement, d'excentration ou sombre pour un temps, non seulement la reussite des individus, mais l'apparence meme de tout avantage humain. Pour que mon etre soit decidement annexe au votre, il faut que meure en moi, non seulement la monade, mais le Monde, c'est-a-dire que je passe par la phase dechirante d'une diminution que rien de tangible ne viendra compenser. Voila pourquoi, recueillant dans le calice l'amertume de toutes les separations, de toutes les limitations, de toutes les decheances steriles, vous me le tendez. " Buvez-en tous. " Comment le refuserais-je ce calice, Seigneur, maintenant que par le pain auquel vous m'avez fait gouter a glisse dans la moelle de mon etre l'inextinguible passion de vous rejoindre, plus loin que la vie, a travers la mort. La Consecration du Monde serait demeuree inachevee, tout a l'heure, si vous n'aviez pas anime avec predilection, pour ceux-la qui croiraient, les forces qui tuent, apres celles qui vivifient.
Ma Communion maintenant serait incomplete (elle ne serait pas chretienne, tout simplement) si, avec les accroissements que m'apporte cette nouvelle journee, je ne recevais pas, en mon nom et au nom du Monde, comme la plus directe participation a vous-meme, le travail, sourd ou manifeste, d'affaiblissement, de vieillesse et de mort qui mine incessamment l'Univers, pour son salut ou sa condamnation. Je m'abandonne eperdument, o mon Dieu, aux actions redoutables de dissolution par lesquelles se substituera aujourd'hui, je veux le croire aveuglement, a mon etroite personnalite votre divine Presence.
Celui qui aura aime passionnement Jesus cache dans les forces qui font mourir la Terre, la Terre en defaillant le serrera dans ses bras geants, et avec elle, il se reveillera dans le sein de Dieu.
Priere
Et maintenant, jesus, que voile sous les puissances du Monde, vous etes devenu veritablement et physiquement tout pour moi, tout autour de moi, tout en moi, je ferai passer dans une meme aspiration l'ivresse de ce que je tiens et la soif de ce qui me manque, et je vous repeterai, apres votre serviteur, les paroles enflammees ou se reconnaitra toujours plus exactement, j'en ai la foi inebranlable, le Christianisme de demain :
" Seigneur, enfermez-moi au plus profond des entrailles de votre Coeur. Et, quand vous m'y tiendrez, brulez-moi, purifiez-moi, enflammez-moi, sublimez-moi, jusqu'a satisfaction parfaite de vos gouts, jusqu'a la plus complete annihilation de moi-meme. "
"Tu autem, Domine mi, include me in imis visceribus Cordis tui. Atque ibi me detine, excoque, expurga, accende, ignifac, sublima, ad purissimum Cordis tui gustum atque placitum, ad puram annihilationem meam."
"Seigneur." Oh, oui, enfin ! par le double mystere de la Consecration et de la Communion universelles, j'ai donc trouve quelqu'un a qui je puisse, a plein coeur, donner ce nom ! Tant que je n'ai su ou ose voir en Vous, jesus, que l'homme d'il y a deux mille ans, le Moraliste sublime, l'Ami, le Frere, mon amour est reste timide et gene. Des amis, des freres, des sages, est-ce que nous n'en avons pas de bien grands, de bien exquis, et de plus proches, autour de nous ? Et puis, l'Homme peut-il se donner pleinement a une nature seulement humaine ? Depuis toujours, le Monde au-dessus de tout Element titi Monde, avait pris mon coeur, et jamais, devant personne autre, je n'aurais sincerement plie. Alors, longtemps, meme en croyant, j'ai erre sans savoir ce que j'aimais. Mais, aujourd'hui que par la manifestation des pouvoirs supra-humains que vous a conferes la Resurrection vous transparaissez pour moi, Maitre, a travers toutes les puissances de la Terre, alors je vous reconnais comme mon Souverain et je me livre delicieusement a Vous.
Etranges demarches de votre Esprit, mon Dieu ! – Quand, il y a deux siecles, a commence a se faire sentir, clans votre Eglise, l'attrait distinct de votre Coeur, il a pu sembler que ce qui seduisait les ames, c'etait la decouverte en Vous, d'un element plus determine, plus circonscrit, que votre Humanite meme.
Or, voici que maintenant, renversement soudain ! il devient evident que, par la "revelation" de votre Coeur, Vous avez surtout voulu, jesus, fournir a notre amour le moyen d'echapper a ce qu'il y avait de trop etroit, de trop precis, de trop limite, dans l'image que nous nous faisions de Vous. Au centre de votre poitrine, je n'apercois rien d'autre qu'une fournaise; et, plus je fixe ce foyer ardent, plus il me semble que, tout autour, les contours de votre Corps fondent, qu'ils s'agrandissent au-dela de toute mesure jusqu'a ce que je ne distingue plus en Vous d'autres traits que la figure d'un Monde enflamme.
Christ glorieux; Influence secretement diffuse au sein de la Matiere et Centre eblouissant ou se relient les fibres sans nombre du Multiple; Puissance implacable comme le Monde et chaude comme la Vie; Vous dont le front est de neige, les yeux de feu, les pieds plus etincelants que l'or en fusion; Vous dont les mains emprisonnent les etoiles; Vous qui etes le premier et le dernier, le vivant, le mort et le ressuscite; Vous qui rassemblez en votre unite exuberante tous les charmes, tous les gouts, toutes les forces, tous les etats; c'est Vous que mon etre appelait d'un desir aussi vaste que l'Univers : Vous etes vraiment mon Seigneur et mon Dieu !
"Enfermez-moi en Vous, Seigneur" – Ah! je le crois (je le crois meme si bien que cette foi est devenue un des supports de ma vie intime), des tenebres absolument exterieures a Vous seraient un pur neant. Rien ne peut subsister en dehors de votre Chair, jesus, au point que ceux-la memes qui se trouvent rejetes hors de votre amour beneficient encore, pour leur malheur, du support de votre presence. Tous, nous sommes irremediablement en Vous, Milieu universel de consistance et de vie! -Mais justement parce que nous ne sommes pas des choses toutes faites qui peuvent etre concues indifferemment comme proches ou eloignees de Vous; justement parce qu'en nous le sujet de l'union croit avec l'union meme qui nous donne progressivement a Vous; – au nom de ce qu'il y a de plus essentiel dans mon etre, Seigneur, ecoutez le desir de cette chose que j'ose bien appeler mon ame, encore que, chaque jour davantage, je comprenne combien elle est plus grande que moi; et, pour etancher ma soif d'exister, – a travers les zones successives de votre Substance profonde, – jusqu'aux replis les plus intimes du Centre de votre Coeur, attirez-moi !
Plus Vous etes rencontre profond, Maitre, plus votre influence se decouvre universelle. A ce caractere, je pourrai apprecier, a chaque instant, de combien je me suis avance en Vous. Lorsque, toutes choses gardant autour de moi leur saveur et leurs contours, je les verrai neanmoins diffusees, par une ame secrete, dans un Element unique, infiniment proche et infiniment distant, – lorsque, emprisonne dans l'intimite jalouse d'un sanctuaire divin, je me sentirai cependant errer librement a travers le ciel de toutes creatures, – alors, je saurai que j'approche du lieu central ou converge le coeur du Monde dans le rayonnement descendant du Coeur de Dieu.
En ce point d'universel embrasement, agissez sur moi, Seigneur, par le feu reuni de toutes les actions interieures et exterieures qui, subies moins pres de Vous, seraient neutres, equivoques ou hostiles; mais qui, animees par une Energie " quae possit sibi omnia subjicere ", deviennent, dans les profondeurs physiques de votre Coeur, les anges de votre victorieuse operation. Par une combinaison merveilleuse, avec votre attrait, du charme des creatures et de leur insuffisance, de leur douceur et de leur mechancete, de leur faiblesse decevante et de leur effroyable puissance, – exaltez tour a tour, et degoutez mon coeur; apprenez-lui la purete vraie, celle qui n'est pas une separation anemiante des choses, mais un elan a travers toutes beautes; revelez-lui la charite veritable, celle qui n'est pas la peur sterile de faire du mal, mais la volonte vigoureuse de forcer, tous ensemble, les portes de la vie; donnez-lui, enfin, donnez-lui surtout, par une vision grandissante de votre omnipresence, la passion bienheureuse de decouvrir, de faire et de subir toujours un peu plus le Monde, afin de penetrer toujours davantage en Vous.
Toute ma joie et ma reussite, toute ma raison d'etre et mon gout de vivre, mon Dieu, sont suspendus a cette vision fondamentale de votre conjonction avec l'Univers. Que d'autres annoncent, suivant leur fonction plus haute, les splendeurs de votre pur Esprit 1 Pour moi, domine par une vocation qui tient aux dernieres fibres de ma nature, je ne veux, ni je ne puis dire autre chose que les innombrables prolongements de votre Etre incarne a travers la Matiere; je ne saurai jamais precher que le mystere de votre Chair, o Ame qui transparaissez dans tout ce qui nous entoure !
A votre Corps dans toute son extension, c'est-a-dire au Monde devenu, par votre puissance et par ma foi, le creuset magnifique et vivant ou tout
disparait pour renaitre,
– par toutes les ressources qu'a fait jaillir en moi votre attraction creatrice, par ma trop faible science,
– par mes liens religieux,
– par mon sacerdoce,
– et (ce a quoi je tiens le plus) par le fond de ma conviction humaine,
– je me voue pour en vivre et pour en mourir,
Jesus.
Ordos 1923
Райнер Мария РИЛЬКЕ
Первая Дуинская элегия
Кто бы из ангельских сонмов услышал мой крик одинокий?
Даже если бы он мог услышать и сердца живого коснулся,
Я бы исчез, сокрушенный его сутью великой.
Красота– это страха начало.
Перенести его мы еще способны;
мы красотой восхищаемся, изумляясь,
Что она медлит нас сокрушить.
Ибо каждый из ангелов страшен.
И я крик свой пытаюсь сдержать, и во мне замирает
Неосознанный трепет. Ах, кто сможет помочь нам?
Нет, не ангелы, но и не люди земные,
И зоркие звери уже замечают, что мы одиноки, бездомны
В мире, где все истолковано. Нам остается лишь дерево,
Там, над обрывом, что видим мы часто;
во вчера уходящая улица
И прихотливая верность привычки, что к нам привязалась
И не оставляет.
И ночь. Ночь, когда ветер вселенский
сводит нам лица, с нами ночь остается, вожделенная,
ночь, обманом сладким своим
нашим сердцам предстоящая.
Но разве легче ночами влюбленным?
Ах, они прячутся лишь друг за друга
В страсти своей. Ты не знал ли об этом доныне?
Вырони же пустоту из ладоней своих:
Может быть, птицы в небе почувствуют лучше
Ветром раздвинутый воздух.
Да, весны искали тебя, и надеялись звезды на небе,
Что ты чувствуешь их. Поднималась порою
Прошлое темной волной, или шел под окном ты
И скрипка взывала к тебе. И во всем повеленья таились.
Ты слышал ли их? Разве ты не был весь в ожидании,
Словно все предвещало тебе любимую? (На что она тебе,
Если мысли, чужие, великие, рядом с тобою живут,
Приходят домой и ночами с тобой остаются?)
Знал ты об этом? Воспой же влюбленных: доныне
Ждет бесконечной хвалы их великая страсть.
Пой же покинутых. Им ты завидовал больше,
Чем утоленным, ведь больше в сердцах их любви.
Снова и снова пой песню, бесцельный свой гимн одиноким.
Знай: смерть героя– причина его вечной жизни,
Ибо и в смерти он был и пребудет героем.
Только влюбленных природа устало приемлет,
Словно нет силы уже у нее, чтобы снова
Любовь повторить. И не ты ли пел Гаспаре Стампе
Песню, чтоб каждая девушка, что одинока,
Брошена, тихо склонилась пред этим великим примером,
Чтобы подумала: мне ли не быть как она?
И не пора ли, чтоб эти древнейшие скорби
Новый нам плод принесли? Не время ль оставить
Нам всех возлюбленных наших,
чтоб вынести освобожденье:
Так выносит стрелу тетива перед долгим полетом,
Чтобы себя превзойти. Нет нам пристанищ нигде.
Голоса, голоса.
Слушай, сердце, как могут внимать на коленях
Только святые: их зов поднимал к небесам,
Но они преклонялись все ниже, и в этом таилось величье.
Так они Богу внимали; ты не вынесешь это, конечно,
Но внимай дуновенью, неслышной таинственной вести,
Сотканной из тишины.
Всюду слышны тебе песни тех, кто с жизнью рано расстался.
В каждом соборе, в Неаполе, в Риме не их ли судьба
Говорила с тобою? Не взывала ли надпись над гробом к тебе,
Как однажды под куполом Santa Maria Formoza?
Чего они хотят от тебя? Тихо готов погасить я
Отблеск забвенья, что был лишь помехой
Чистым полетам их вечных, далеких нам душ.
Как это необычно– оставить привычную землю,
Не произносить больше старых, заученных слов,
Розам и прочим вещам, что таят обещанья,
Не доверять, не искать в них грядущего больше;
Не пребывать в чьих-то робких дрожащих ладонях
И даже имя, земное привычное имя, отбросить,
Как дети бросают игрушку, что сами сломали.
Странно утратить желания. Странно впервые заметить,
Как то, что доныне казалось незыблемым, вечным,
Порхает в пространстве. И трудно быть мертвым
И долго свыкаться со многим, пока потихоньку
ты вечности сам не накопишь.
Но те, кто живут, ошибаются,
разделяя смерть с жизнью. Ангелы не замечают,
где блуждают– средь мертвых или средь живых. И стремнина,
вечный поток, протекает по царствам обеим, уносит нас вдаль,
все в себе голоса заглушая.
Те, кто ушел в ранней юности, в нас не нуждаются больше,
Ибо отвыкли они от земного,
как дети от груди материнской.
Но мы, мы, искатели тайн, что вкупе с нашею скорбью
Поднимают нас ввысь,– как без них мы пребудем?
Так, не напрасно сказанье, что плач о божественном Лине
Музыкой первой посмел немоту превзойти,
Куда этот юноша светлый навеки ушел,
Там пустота встрепенулась, и волнение это
Нас и поныне влечет, исцеляет, зовет.
Третья Дуинская элегии
Одно, любовь прославлять. Но другое, увы,
воспевать тайного бога, живого в текущей крови.
О Нептун кровотока, о его трезубец ужасный...
Внимай, как, подобно потоку, мелеет ночь. Вы, звезды,
не вы ли влечете влюбленного к нежному лику
возлюбленной? Не ваши созвездия ли
видит он в темноте вместо черт ее нежных?
Нет, это не ты, не ты и не мать его даже
Ожиданием брови ему, словно лук, изогнула.
Нет, дева, не к тебе в плодотворной улыбке
он губы свои обратил.
Разве ты думаешь, будто ты так потрясала
Его легким шагом своим, ты, переменчивей вешнего ветра?
Да, ты сердце его взволновала, но страх более древний
Овладел им, когда ты коснулась его.
Окликни его... не вызвать его твоим голосом из темноты.
Да, он хочет, он расцветает, сродняется он облегченно
С тайным сердцем твоим и берет, начинаясь.
Но начинался ли он?
Мать, ты даровала рожденье ему, он в тебе был так мал;
он был нов для тебя; его взор новый ты заполняла
светлым миром, закрыв путь в чужой,
непокорный, враждебный.
Где же те дни? Где то время, когда ты своим стройным телом
заслоняла от взглядов его страшный хаос? Ночами
мрак уснувшего дома умела ты благостным сделать;
ты сердцем
согревала пространство безлюдных, пустынных ночей.
Нет, не в сумраке ночи, нет, в глазах своих верных и чистых
зажигала свечу ты, и свет для него значил дружбу.
Ты могла объяснить в темноте каждый скрип, каждый шорох,
словно знала, где могут скрипеть в темноте половицы...
И он слушал тебя. И в душе его было спокойно. Добивалась
ты покоя усилием светлым; и, в плащ завернувшись,
уходило за шкаф полуночный грядущее время.
И в портьерах дрожал ужас ночи, и тьма, и судьба.
И, спокойный, он спал, в полумраке смежая ресницы,
и предчувствовал, как будет сладок и долог тот сон...
В окруженье заботы твоей защищенный снаружи,
как внутри беззащитен он был...
Бытие наплывало,
и, пугливый, как был он тяжелым пленен сновиденьем,
лихорадкою, бредом, куда он в ночи погружался,-
хаотическим миром, в сплетеньях трепещущих нитей,
темных образов, что как удавы, обвили его, поглощавшего мерно
под огнем свою душу. Как он им отдавался в порыве.
В том порыве, что душу ослабшую дико влечет
в мир подспудный, жестокий, лесов сокровенные дебри,
где в немом буреломе, во тьме, среди зелени дикой
его сердце таилось.
Любил он...
Отринь все, отправься
по корням узловатым туда, к тем жестоким истокам,
где уже был рожден ты! Любя,
погрузился он в темную кровь, в этот омут,
где был Ужас сокрыт, поглотивший давно его предков.
Каждый страх его знал и с улыбкой встречал в той дороге.
Да, и смерть улыбалась ему...
Как же редко
и как нежно, о мать, улыбалась ему ты в то время!
Как он мог не проникнуться этим мучительным чувством,
если ты улыбалась. Эта грозная страсть затаилась
до рожденья его, до тебя, ведь еще в твоем чреве
затаилась она в колыханиях темной той влаги,
где твой плод созревал.
Не цветы мы, не травы. Мы не любим безоблачно; только
сок струится по нашим запястьям из недр первобытных.
Дева, знай, то, что любим мы – это не ты, не случайная особь,
не Грядущее то, а броженье бессильной души; не младенец,
а тьмы пращуров, павших на дно нам, как скалы;
пересохшие русла немых прародительниц наших; и горы,
равнины, поля под беременным тучами небом,
содержащим судьбу твою в чреве. Ты, любя его,
пробудила в нем мрак, допотопный, далекий. Не знаешь,
что за страсти извергнуты были из сердца живого.
Что за жены
тебя ненавидели, кроясь в судьбе его темной. И какие мужи
с взором мрачным проснулись вдруг в жилах подростка?
Вот младенцы
нерожденные тянутся снова к тебе... Тише, тише,
будь светла с ним, будь доброй, приветливой, ровной,
улыбнись, уведи его в сад, дай забыть эти
ночи...
Его укрепи...
Четвертая Дуинская элегия
Деревья жизни, как мы встретим зиму?
Разобщены мы. Стая журавлей
Разумней нас. А мы поодиночке
Пытаемся бороться с темным ветром
И падаем, как в слепоту, на пруд.
Цветение и смерть для нас едины.
И где-то бродят львы, не зная боли,
Пока они полны животной силы.
А мы, как только вспомним единенье,
В себя укор впускаем. Разобщенье
Вколдовано нам в души. Влюбленные
Блуждают по окраинам любви, желая
Себе лишь счастье, волю и покой.
Вот так эскиз единого мгновенья
Нам открывает фон, с ним несогласный,
Намек, для глаз доступный и открытый
Сердцам. Мы силуэты чувства
Не познаем; их внешние причины
Яснее нам. И кто в театре сердца
Не ждал начала драмы разобщенья?
Все здесь понятно. Вот в саду знакомом
Колышутся кусты, танцор выходит.
Но он–не тот. И пусть легки движенья
Его, но он под маской – обыватель,
Идущий по открытой сцене в кухню.
Невыносима кривда полумасок,
Честнее куклы. Я стерплю их жесты,
Их лица с неизменным выраженьем.
Пусть свет погаснет, пусть конец объявят,
Пусть пустота исходит, как сквозняк,
С закрытой сцены, пусть со мною нету
Ни спутников безмолвных, нету женщин,
Ни с карими косящими глазами
Ребенка– я останусь.
Я останусь.
Иль я не прав? Внушивший горечь жизни
Моей душе и миру, ты, отец,
Прививший жизни мрачный привкус долга,
Когда я возрастал, предощущая
Грядущее, в науке созерцанья
Меня все строже, чище наставляя,–
С тех пор, как ты ушел, как в жизни часто
Твой страх хранил немые упованья
Моей души, и безразличье мертвых
Ты мне дарил так щедро, безвозмездно...
Иль я не прав? И я, и вы неправы:
Мою любовь своей вознаграждая,
Вы заставляли уходить меня
От ваших чувств в немой простор над миром,
Где не было уж вас...Ведь не желаю
Я только представленье кукол видеть:
Я напрягу свой взор с такою силой,
Чтоб для восстановленья равновесья
Открытых взоров вышел бы на сцену
Держащий нити кукольные ангел.
И вот дана нам драма: ангел с куклой.
И вот дано единство разделенных
В душе начал. И вот из круговерти
Времен возникнут контуры дороги
Всех перемен. Тогда всех нас игрою
Своей живою ангел превзойдет.
И те, кто покидают нас навеки,
Понять способны, что еще таится
В твореньях наших. О, мгновенья детства,
Когда времен идущих силуэты
Не манят нас грядущим иль прошедшим.
И мы взрослели, торопясь в дорогу,
Покорные большой любви к тем людям,
Кто только своим возрастом богат.
Но все равно мы в наших устремленьях
Довольны были временем и жили
В том промежутке меж игрой и светом,
В том мире, что стоит на нашей тяге
Всю жизнь упорно двигаться вперед.
Кто нам укажет мир, ребенку данный? Кто врисует
Его в чертеж созвездий, кто пространство
Вместит в его ладонь? И кто живую смерть,
Что слеплена из хлеба, даст ребенку,
Как подают огрызки спелых яблок...
Легко увидеть и поймать убийц.
Но как увидеть и изобличить
В себе невинно дремлющую смерть,
Живую смерть, еще не зная жизни,
И не озлобиться?
Непостижимо...
– ФИЛОСОФ.
Козыризмы
– Ум и глупость.
– Ум нужен людям, чтобы уметь мудро ошибаться.
– Философ подобен моллюску: твердый скелет мысли у него снаружи, а мягкая душа– внутри. У поэта все наоборот.
– Если тебе кажется, что весь мир перевернулся, значит, ты сам стоишь на голове.