Текст книги "Les trois mousquetaires, vol. 2 (illustré par Maurice Leloir)"
Автор книги: Alexandre Dumas
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Зарубежная классика
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CONCLUSION
Le 6 du mois suivant, le roi, tenant la promesse qu’il avait faite au cardinal de quitter Paris pour revenir à La Rochelle, sortit de sa capitale tout étourdi encore de la nouvelle qui venait de se répandre que Buckingham venait d’être assassiné. Quoique prévenue que l’homme qu’elle avait tant aimé courait un danger, la reine, lorsqu’on lui annonça cette mort, ne voulut pas la croire; il lui arriva même de s’écrier imprudemment:
–C’est faux! il vient de m’écrire.
Mais le lendemain il lui fallut bien croire à cette fatale nouvelle; La Porte, retenu comme tout le monde en Angleterre par les ordres du roi Charles Ier arriva porteur du dernier et funèbre présent que Buckingham envoyait à la reine.
La joie du roi avait été très vive; il ne se donna pas la peine de la dissimuler et la fit même éclater avec affectation devant la reine. Louis XIII, comme tous les cœurs faibles, manquait de générosité. Mais bientôt le roi redevint sombre et mal portant: son front n’était pas de ceux qui s’éclaircissent pour longtemps; il sentait qu’en retournant au camp il allait reprendre son esclavage, et cependant il y retournait.
Le cardinal était pour lui le serpent fascinateur, et il était l’oiseau qui voltige de branche en branche sans pouvoir lui échapper.
Aussi le retour vers La Rochelle était-il profondément triste. Nos quatre amis surtout faisaient l’étonnement de leurs camarades; ils voyageaient ensemble côte à côte, l’œil sombre et la tête baissée. Athos relevait seul de temps en temps son large front; un éclair brillait dans ses yeux, un sourire amer passait sur ses lèvres, puis, pareil à ses camarades, il se laissait de nouveau aller à ses rêveries.
Dès l’arrivée de l’escorte dans une ville, lorsqu’ils avaient conduit le roi à son logis, les quatre amis se retiraient ou chez eux ou dans quelque cabaret écarté, où ils ne jouaient ni ne buvaient; seulement ils parlaient à voix basse en regardant avec attention si nul ne les écoutait.
Un jour que le roi avait fait halte sur la route pour voler la pie, et que les quatre amis, selon leur habitude, au lieu de suivre la chasse, s’étaient arrêtés dans un cabaret sur la grande route, un homme, qui venait de La Rochelle à franc étrier, s’arrêta à la porte pour boire un verre de vin, et plongea son regard dans l’intérieur de la chambre où étaient attablés les quatre mousquetaires.
–Holà! monsieur d’Artagnan! dit-il, n’est-ce point vous que je vois là-bas?
D’Artagnan leva la tête et poussa un cri de joie. Cet homme qu’il appelait son fantôme, c’était son inconnu de Meung, de la rue des Fossoyeurs et d’Arras.
D’Artagnan tira son épée et s’élança vers la porte.
Mais cette fois, au lieu de fuir, l’inconnu s’élança à bas de cheval, et s’avança à la rencontre de d’Artagnan.
–Ah! monsieur, dit le jeune homme, je vous rejoins donc enfin; cette fois vous ne m’échapperez pas.
–Ce n’est pas mon intention non plus, monsieur, car cette fois je vous cherchais. Au nom du roi, je vous arrête. Je dis que vous ayez à me rendre votre épée, monsieur, et cela sans résistance; il y va de votre tête, je vous en avertis.
–Qui êtes-vous donc? demanda d’Artagnan en baissant son épée, mais sans la rendre encore.
–Je suis le chevalier de Rochefort, répondit l’inconnu, l’écuyer de monsieur le cardinal de Richelieu, et j’ai ordre de vous ramener à Son Éminence.
–Nous retournons auprès de Son Éminence, monsieur le chevalier, dit Athos en s’avançant, et vous accepterez bien la parole de M. d’Artagnan, qui promet de se rendre en droite ligne à La Rochelle.
–Je dois le remettre entre les mains des gardes qui le ramèneront au camp.
–Nous lui en servirons, monsieur, sur notre parole de gentilshommes; mais sur notre parole de gentilshommes aussi, ajouta Athos, M. d’Artagnan ne nous quittera pas.
Le chevalier de Rochefort jeta un coup d’œil en arrière et vit que Porthos et Aramis s’étaient placés entre lui et la porte; il comprit qu’il était complètement à la merci de ces quatre hommes.
–Messieurs, dit-il, si M. d’Artagnan veut me rendre son épée, et joindre sa parole à la vôtre, je me contenterai de votre promesse de conduire M. d’Artagnan au quartier de monseigneur le cardinal.
–Vous avez ma parole, monsieur, dit d’Artagnan, et voici mon épée.
–Cela me va d’autant mieux, ajouta Rochefort, qu’il faut que je continue mon voyage.
–Si c’est pour rejoindre milady, dit froidement Athos, c’est inutile, vous ne la retrouverez pas.
–Qu’est-elle donc devenue? demanda vivement Rochefort.
–Revenez au camp et vous le saurez.
Rochefort demeura un instant pensif, puis, comme on n’était plus qu’à une journée de Surgères, jusqu’où le cardinal devait venir au-devant du roi, il résolut de suivre le conseil d’Athos et de revenir avec eux.
D’ailleurs ce retour lui offrait un avantage, c’était de surveiller lui-même son prisonnier.
On se remit en route.
Le lendemain, à trois heures de l’après-midi, on arriva à Surgères. Le cardinal y attendait Louis XIII. Le ministre et le roi y échangèrent force caresses, se félicitèrent de l’heureux hasard qui débarrassait la France de l’ennemi acharné qui ameutait l’Europe contre elle. Après quoi, le cardinal, qui avait été prévenu par Rochefort que d’Artagnan était arrêté, et qui avait hâte de le voir, prit congé du roi en l’invitant à venir visiter le lendemain les travaux de la digue qui étaient achevés.
En revenant le soir à son quartier du pont de la Pierre, le cardinal trouva debout devant la porte de la maison qu’il habitait d’Artagnan sans épée et les trois mousquetaires armés.
Cette fois, comme il était en force, il les regarda sévèrement, et fit signe de l’œil et de la main à d’Artagnan de le suivre.
D’Artagnan obéit.
–Nous t’attendons, d’Artagnan, dit Athos assez haut pour que le cardinal l’entendit.
Son Éminence continua son chemin sans prononcer une seule parole.
D’Artagnan entra derrière le cardinal, et derrière d’Artagnan la porte fut gardée.
Son Éminence se rendit dans la chambre qui lui servait de cabinet, et fit signe à Rochefort d’introduire le jeune mousquetaire.
Rochefort obéit et se retira.
D’Artagnan resta seul en face du cardinal; c’était sa seconde entrevue avec Richelieu, et il avoua depuis qu’il avait été bien convaincu que ce serait la dernière.
Richelieu resta debout, appuyé contre la cheminée, une table était dressée entre lui et d’Artagnan.
–Monsieur, dit le cardinal, vous avez été arrêté par mes ordres.
–On me l’a dit, monseigneur.
–Savez-vous pourquoi?
–Non, monseigneur; car la seule chose pour laquelle je pourrais être arrêté est encore inconnue de Son Éminence.
Richelieu regarda fixement le jeune homme.
–Holà! dit-il, que veut dire cela?
–Si monseigneur veut m’apprendre d’abord les crimes qu’on m’impute, je lui dirai ensuite les actes que j’ai commis.
–On vous impute des crimes qui ont fait choir des têtes plus hautes que la votre, monsieur! dit le cardinal.
–Lesquels, monseigneur? demanda d’Artagnan avec un calme qui étonna le cardinal lui-même.
–On vous impute d’avoir correspondu avec les ennemis du royaume, on vous impute d’avoir surpris les secrets de l’État, on vous impute d’avoir essayé de faire avorter les plans de votre général.
–Et qui m’impute cela, monseigneur? dit d’Artagnan, qui se doutait que l’accusation venait de milady: une femme flétrie par la justice du pays, une femme qui a épousé un homme en France et un autre en Angleterre, une femme qui a empoisonné son second mari et qui a tenté de m’empoisonner moi-même!
–Que dites-vous donc là? monsieur, s’écria le cardinal étonné, et de quelle femme parlez-vous ainsi?
–De milady de Winter, répondit d’Artagnan; oui, de milady de Winter, dont, sans doute, Votre Éminence ignorait tous les crimes lorsqu’elle l’a honorée de sa confiance.
–Monsieur, dit le cardinal, si milady de Winter a commis les crimes que vous dites, elle sera punie.
–Elle l’est, monseigneur.
–Et qui l’a punie?
–Nous.
–Elle est en prison.
–Elle est morte.
–Morte! répéta le cardinal, qui ne pouvait croire à ce qu’il entendait: morte! n’avez-vous pas dit qu’elle était morte?
–Trois fois elle avait essayé de me tuer, et je lui avais pardonné; mais elle a tué la femme que j’aimais. Alors, mes amis et moi, nous l’avons prise, jugée et condamnée.
D’Artagnan alors raconta l’empoisonnement de madame Bonacieux dans le couvent des Carmélites de Béthune, le jugement dans la maison isolée, l’exécution sur les bords de la Lys.
Un frisson courut par tout le corps du cardinal, qui cependant ne frissonnait pas facilement.
Mais tout à coup, comme subissant l’influence d’une pensée muette, la physionomie du cardinal, sombre jusqu’alors, s’éclaircit peu à peu et en arriva à la plus parfaite sérénité.
–Ainsi, dit te cardinal avec une voix dont la douceur contrastait avec la sévérité de ses paroles, vous vous êtes constitués en juges, sans penser que ceux qui n’ont pas mission de punir et qui punissent sont des assassins!
–Monseigneur, je vous jure que je n’ai pas eu un instant l’intention de défendre ma tête contre vous. Je subirai le châtiment que Votre Éminence voudra bien m’infliger. Je ne tiens pas assez à la vie pour craindre la mort.
–Oui, je le sais, vous êtes un homme de cœur, monsieur, dit le cardinal avec une voix presque affectueuse: je puis donc vous dire d’avance que vous serez jugé, condamné même.
–Un autre pourrait répondre à Votre Éminence qu’il a sa grâce dans sa poche; moi je me contenterai de vous dire: Ordonnez, monseigneur; je suis prêt.
–Votre grâce? dit Richelieu surpris.
–Oui, monseigneur, dit d’Artagnan.
–Et signée de qui? du roi?
Et le cardinal prononça ces mots avec une singulière expression de mépris.
–Non, de Votre Éminence.
–De moi? vous êtes fou, monsieur?
–Monseigneur reconnaîtra sans doute son écriture.
Et d’Artagnan présenta au cardinal le précieux papier qu’Athos avait arraché à milady, et qu’il avait donné à d’Artagnan pour lui servir de sauvegarde.
Son Éminence prit le papier et lut d’une voix lente et en appuyant sur chaque syllabe:
C’est par mon ordre et pour le bien de l’État que le porteur du présent papier a fait ce qu’il vient de faire.
RICHELIEU.
Au camp de la Rochelle, ce 5 août 1628.
Le cardinal, après avoir lu ces deux lignes, tomba dans une rêverie profonde, mais il ne rendit pas le papier à d’Artagnan.
–Il médite de quel genre de supplice il me fera mourir, se dit tout bas d’Artagnan; eh bien, ma foi! il verra comment meurt un gentilhomme.
Le jeune mousquetaire était en excellente disposition pour trépasser héroïquement.
Richelieu pensait toujours, roulait et déroulait le papier dans ses mains. Enfin il leva la tête, fixa son regard d’aigle sur cette physionomie loyale, ouverte, intelligente, lut sur ce visage sillonné de larmes toutes les souffrances qu’il avait endurées depuis un mois, et songea pour la troisième ou quatrième fois combien cet enfant avait d’avenir, et quelles ressources son activité, son courage et son esprit pouvaient offrir à un bon maître. D’un autre côté, les crimes, la puissance, le génie infernal de milady l’avaient plus d’une fois épouvanté. Il sentait comme une joie secrète d’être à jamais débarrassé de ce complice dangereux.
Il déchira lentement le papier que d’Artagnan lui avait généreusement remis.
–Je suis perdu, dit en lui-même d’Artagnan.
Et il s’inclina profondément devant le cardinal en homme qui dit: «Seigneur, que votre volonté soit faite!»
Le cardinal s’approcha de la table, et, sans s’asseoir, écrivit quelques lignes sur un parchemin dont les deux tiers étaient déjà remplis et y apposa son sceau.
–Ceci est ma condamnation, dit d’Artagnan; il m’épargne l’ennui de la Bastille et les lenteurs d’un jugement. C’est encore fort aimable à lui.
–Tenez, monsieur, dit le cardinal au jeune homme, je vous ai pris un blanc seing et je vous en rends un autre. Le nom manque sur ce brevet et vous l’écrirez vous-même.
D’Artagnan prit le papier en hésitant et jeta les yeux dessus.
C’était une lieutenance dans les mousquetaires.
D’Artagnan tomba aux pieds du cardinal.
–Monseigneur, dit-il, ma vie est à vous, disposez-en désormais; mais cette faveur que vous m’accordez, je ne la mérite pas: j’ai trois amis qui sont plus méritants et plus dignes...
–Vous êtes un brave garçon, d’Artagnan, interrompit le cardinal en lui frappant familièrement sur l’épaule, charmé qu’il était d’avoir vaincu cette nature rebelle. Faites de ce brevet ce qu’il vous plaira. Seulement rappelez-vous que, quoique le nom soit en blanc, c’est à vous que je le donne.
–Je ne l’oublierai jamais, répondit d’Artagnan, Votre Éminence peut en être certaine.
Le cardinal se retourna et dit à haute voix:
–Rochefort!
Le chevalier, qui sans doute était derrière la porte, entra aussitôt.
–Rochefort, dit le cardinal, vous voyez M. d’Artagnan; je le reçois au nombre de mes amis; ainsi donc que l’on s’embrasse et que l’on soit sage si l’on tient à conserver sa tête.
Rochefort et d’Artagnan s’embrassèrent du bout des lèvres; mais le cardinal était là, qui les observait de son œil vigilant.
Ils sortirent de la chambre en même temps.
–Nous nous retrouverons, n’est-ce pas, monsieur?
–Quand il vous plaira, fit d’Artagnan.
–L’occasion viendra, répondit Rochefort.
–Hein? fit Richelieu en ouvrant la porte.
Les deux hommes se sourirent, se serrèrent la main et saluèrent Son Éminence.
–Nous commencions à nous impatienter, dit Athos.
–Me voilà, mes amis! répondit d’Artagnan, non seulement libre, mais en faveur.
–Vous nous conterez cela?
–Dès ce soir.
En effet, dès le soir même d’Artagnan se rendit au logis d’Athos, qu’il trouva en train de vider sa bouteille de vin d’Espagne, occupation qu’il accomplissait religieusement tous les soirs.
Il lui raconta ce qui s’était passé entre le cardinal et lui, et tirant le brevet de sa poche.
–Tenez, mon cher Athos, voilà, dit-il, qui vous revient naturellement.
Athos sourit de son doux et charmant sourire.
–Ami, dit-il, pour Athos c’est trop; pour le comte de La Fère, c’est trop peu. Gardez ce brevet, il est à vous, hélas, mon Dieu! vous l’avez acheté assez cher.
D’Artagnan sortit, de la chambre d’Athos, et entra dans celle de Porthos.
Il le trouva vêtu d’un magnifique habit, couvert de broderies splendides, et se mirant devant une glace.
–Ah! ah! dit Porthos, c’est vous, cher ami! comment trouvez-vous que ce vêtement me va?
–A merveille, dit d’Artagnan, mais je viens vous proposer un habit qui vous ira mieux encore.
–Lequel? demanda Porthos.
–Celui de lieutenant aux mousquetaires.
D’Artagnan raconta à Porthos son entrevue avec le cardinal, et tirant le brevet de sa poche:
–Tenez, mon cher, dit-il, écrivez votre nom là-dessus, et soyez bon chef pour moi.
Porthos jeta les yeux sur le brevet, et le rendit à d’Artagnan, au grand étonnement du jeune homme.
–Oui, dit-il, cela me flatterait beaucoup, mais je n’aurais pas assez longtemps à jouir de cette faveur. Pendant notre expédition de Béthune, le mari de ma duchesse est mort; de sorte que, mon cher, le coffre du défunt me tendant les bras, j’épouse la veuve. Tenez, j’essayais mon habit de noces; gardez la lieutenance, mon cher; gardez.
Et il rendit le brevet à d’Artagnan.
Le jeune homme entra chez Aramis.
Il le trouva agenouillé devant un prie-Dieu, le front appuyé contre son livre d’heures ouvert.
Il lui raconta son entrevue avec le cardinal, et tirant pour la troisième fois son brevet de sa poche:
–Vous, notre ami, notre lumière, notre protecteur invisible, dit-il, acceptez ce brevet; vous l’avez mérité plus que personne, par votre sagesse et vos conseils toujours suivis de si heureux résultats.
–Hélas, cher ami! dit Aramis, nos dernières aventures m’ont dégoûté tout à fait de la vie et de l’épée. Cette fois, mon parti est pris irrévocablement: après le siège j’entre chez les Lazaristes. Gardez le brevet, d’Artagnan, le métier des armes vous convient, vous serez un brave et aventureux capitaine.
D’Artagnan, l’œil humide de reconnaissance et brillant de joie, revint à Athos, qu’il trouva toujours attablé et mirant son dernier verre de malaga à la lueur de la lampe.
–Eh bien! dit-il, et eux aussi ont refusé ce brevet!
–C’est que personne, cher ami, n’en est plus digne que vous.
Et il prit une plume, écrivit sur le brevet le nom de d’Artagnan, et le lui remit.
–Je n’aurai donc plus d’amis, dit le jeune homme; hélas! plus rien, que d’amers souvenirs...
Et il laissa tomber sa tête entre ses deux mains, tandis que deux larmes roulaient le long de ses joues.
–Vous êtes jeune, vous, répondit Athos, et vos souvenirs amers ont le temps de se changer en doux souvenirs!
ÉPILOGUE
La Rochelle, privée du secours de la flotte anglaise et de la division, promise par Buckingham, se rendit, après un siège d’un an, le 28 octobre 1628. On signa tout aussitôt la capitulation.
Le roi fit son entrée à Paris le 23 décembre de la même année. On lui fit un triomphe comme s’il revenait de vaincre l’ennemi et non des Français. Il entra par le faubourg Saint-Jacques dans un magnifique apparat.
Le cortège précédé de chars symboliques passa sous douze arcs de triomphe, où tous les dieux de l’Olympe célébraient les vertus innombrables de Louis le Victorieux. Une foule innombrable groupée sur tout le parcours du cortège acclama par des vivats enthousiastes, le retour du triomphateur.
D’Artagnan prit possession de son grade. Porthos quitta le service et épousa, dans le courant de l’année suivante, madame Coquenard: le coffre tant convoité contenait huit cent mille livres.
Mousqueton eut une livrée magnifique, et la satisfaction qu’il avait ambitionnée toute sa vie, de monter derrière un carrosse doré.
Aramis, après un long voyage en Lorraine, disparut tout à coup et cessa d’écrire à ses amis. On apprit beaucoup plus tard, par madame de Chevreuse, qui le dit à deux ou trois de ses amants, qu’il s’était décidé à prendre l’habit dans un couvent de Nancy.
Bazin devint frère lai.
Athos resta mousquetaire sous les ordres de d’Artagnan jusqu’en 1631, époque à laquelle, à la suite d’un voyage qu’il fit en Touraine, il quitta aussi le service sous prétexte qu’il venait de recueillir un petit héritage en Roussillon.
Grimaud suivit Athos.
D’Artagnan se battit trois fois avec Rochefort et le blessa trois fois.
–Je vous tuerai probablement à la quatrième, lui dit-il en lui tendant la main pour le relever.
–Il vaut donc mieux pour vous et pour moi que nous en restions là, répondit le blessé. Corbleu! je suis plus votre ami que vous ne pouvez le penser, car dès la première rencontre j’aurais pu, en disant un mot au cardinal, vous faire couper le cou.
Ils s’embrassèrent cette fois, mais de très bon cœur et sans arrière-pensée.
Planchet obtint de Rochefort le grade de sergent dans les gardes.
M. Bonacieux vivait fort tranquille, ignorant parfaitement ce qu’était devenue sa femme et ne s’en inquiétant guère. Un jour, il eut l’imprudence de se rappeler au souvenir du cardinal; le cardinal lui fit répondre qu’il allait pourvoir à ce qu’il ne manquât jamais de rien désormais.
En effet, le lendemain, M. Bonacieux, étant sorti à sept heures du soir de chez lui pour se rendre au Louvre, ne reparut plus rue des Fossoyeurs; l’avis de ceux qui parurent les mieux informés fut qu’il était nourri et logé dans quelque château royal aux frais de sa généreuse Éminence.
TABLE DES CHAPITRES DU TOME SECOND Pages. I. —Anglais et Français. 1 II. —Un dîner de procureur. 12 III. —Soubrette et maîtresse. 24 IV. —Où il est traité de l’équipement d’Aramis et de Porthos. 37 V. —La nuit tous les chats sont gris. 49 VI. —Rêve de vengeance. 60 VII. —Le secret de milady. 70 VIII. —Comment, sans se déranger, Athos trouva son équipement. 80 IX. —Vision. 93 X. —Une vision terrible. 108 XI. —Le siège de La Rochelle. 118 XII. —Le vin d’Anjou. 134 XIII. —L’auberge du Colombier-Rouge. 145 XIV. —De l’utilité des tuyaux de poêle. 156 XV. —Scène conjugale. 167 XVI. —Le bastion Saint-Gervais. 175 XVII. —Le conseil des mousquetaires. 185 XVIII. —Affaire de famille. 210 XIX. —Fatalité. 229 XX. —Entre frère et sœur. 240 XXI. —Officier. 250 XXII. —Première journée de captivité. 264 XXIII. —Deuxième journée de captivité. 274 XXIV. —Troisième journée de captivité. 284 XXV. —Quatrième journée de captivité. 295 XXVI. —Cinquième journée de captivité. 306 XXVII. —Un moyen de tragédie classique. 326 XXVIII. —Évasion. 335 XXIX. —Ce qui se passait à Portsmouth le 23 août 1628. 348 XXX. —En France. 363 XXXI. —Le couvent des Carmélites de Béthune. 372 XXXII. —Deux variétés de démons. 389 XXXIII. —La goutte d’eau. 397 XXXIV. —L’homme au manteau rouge. 417 XXXV. —Jugement. 426 XXXVI. —L’exécution. 438 Conclusion. 446 Épilogue. 459