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Arsène Lupin
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Текст книги "Arsène Lupin"


Автор книги: Maurice Leblanc


Соавторы: Francis de Croisset
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Scène V

LE DUC, GUERCHARD, BOURSIN

GUERCHARD, à lui-même, lentement, avec une joie farouche.

En automobile !… mais voilà… tout s’explique… mais oui… voilà… (Il pose sur la table le coffret dans lequel se trouve le diadème. Le duc revient en scène.) Je ne savais, monsieur le Duc… vous avez eu cette nuit une panne en automobile… Si j’avais su, je me serais fait un scrupule.

LE DUC

Une panne…

GUERCHARD

Oui, parti à 8 heures, hier soir, vous n’êtes arrivé à Paris qu’à 6 heures du matin. Vous n’aviez donc pas une forte machine.

LE DUC

Si, une cent-chevaux.

GUERCHARD

Bigre ! Vous avez dû avoir une sacrée panne !

LE DUC

Oui, une panne de trois heures.

GUERCHARD

Et personne ne se trouvait là pour vous aider à la réparer.

LE DUC

Dame non ; il était deux heures du matin.

GUERCHARD

Oui, il n’y avait personne.

LE DUC

Personne.

GUERCHARD

C’est fâcheux.

LE DUC

Très fâcheux. J’ai dû réparer moi-même. C’est ce que vous vouliez dire, n’est-ce pas ?

GUERCHARD

Certainement.

LE DUC

Une cigarette ? Ah non, je sais que vous ne fumez que du caporal.

GUERCHARD

Si, si, tout de même. (Il prend une cigarette et la regarde.) C’est égal, tout ça est bien curieux.

LE DUC

Quoi ?

GUERCHARD

Tout, – vos cigarettes… ces fleurs de Salvia… la petite photo qu’on m’a remise… cet homme en tenue de chauffeur et… enfin, votre panne.

LE DUC

Ah çà ! Monsieur, vous êtes ivre…

(Il va prendre son pardessus.)

GUERCHARD, se levant et lui barrant le chemin.

Non, ne sortez pas.

LE DUC

Vous dites ? (Un silence.) Ah çà ! Que dites-vous ?

GUERCHARD, passant sa main sur son front.

Non… je vous demande pardon… je suis fou ! je suis fou !

LE DUC

En effet !…

GUERCHARD

Aidez-moi… voilà ce que je veux dire… Aidez-moi… il faut que vous restiez ici… pour m’aider contre Lupin. Vous comprenez… vous voulez bien ?

LE DUC

Cela, volontiers. Mais vous n’avez pas l’esprit bien calme… vous êtes inquiétant !…

GUERCHARD

Encore une fois excusez-moi.

LE DUC

Soit !… mais qu’allons-nous faire ?

GUERCHARD

Eh bien ? le diadème… il est dans ce coffret ?

LE DUC

Je sais bien qu’il y est, puisque je l’ai changé de place cet après-midi. M. Gournay-Martin m’en avait prié.

GUERCHARD

Oui, enfin, vous voyez… Il y est.

LE DUC

Oui, oui, je vois, alors ?

GUERCHARD

Alors, nous allons attendre.

LE DUC

Qui ?

GUERCHARD

Lupin.

LE DUC

Lupin ! Alors, décidément comme dans les contes de fées, vous croyez que lorsque cette horloge aura sonné douze coups, Lupin entrera et prendra le diadème.

GUERCHARD

Oui, je le crois.

LE DUC

C’est palpitant !

GUERCHARD

Ça ne vous ennuie pas ?

LE DUC

Au contraire. Faire la connaissance de l’invisible gaillard qui vous roule depuis dix ans, c’est une soirée charmante.

GUERCHARD

À qui le dites-vous ?

LE DUC

À vous. (Ils s’assoient. Un temps. Désignant une porte.) On vient là.

GUERCHARD, écoutant.

Ah ?… Non.

LE DUC

Si… tenez, on frappe !

GUERCHARD

C’est vrai. Vous avez l’oreille encore plus fine que moi. D’ailleurs vous avez montré en tout ceci des qualités de véritable policier. (Guerchard sans quitter le duc des yeux, va ouvrir la porte.) Entre, Boursin. (Boursin entre.) Tu as les menottes ?

BOURSIN, lui remettant les menottes.

Oui, faut-il que je reste ?

GUERCHARD

Non… Il y a nos hommes dans la cour ?

BOURSIN

Oui.

GUERCHARD

L’hôtel voisin ?…

BOURSIN

Plus de communication possible. Tout est gardé.

GUERCHARD

Si quelqu’un essaie d’entrer. (Coup d’œil au duc.) N’importe qui, qu’on l’empoigne… (Au duc, en riant.) Au besoin qu’on tire dessus.

(Sort Boursin.)

LE DUC

Fichtre ! Vous êtes ici dans une forteresse.

GUERCHARD

Monsieur le Duc, c’est plus vrai encore que vous ne pensez, j’ai des hommes à moi derrière chacune de ces portes.

LE DUC, l’air ennuyé.

Ah !

GUERCHARD

Cela paraît vous ennuyer.

LE DUC

Beaucoup, sapristi ! Mais alors, jamais Lupin ne pourra pénétrer dans cette pièce !

GUERCHARD

Difficilement… à moins qu’il ne tombe du plafond… ou à moins…

LE DUC

À moins qu’Arsène Lupin ne soit vous.

GUERCHARD

En ce cas vous en seriez un autre.

(Ils rient tous deux.)

LE DUC

Elle est bonne. Eh bien, sur ce, je m’en vais.

GUERCHARD

Hein ?

LE DUC

Dame ! Je restais pour voir Lupin… du moment qu’il n’y a plus moyen de le voir…

GUERCHARD

Mais si… Mais si… restez donc…

LE DUC

Ah ! vous y tenez !

GUERCHARD

Nous le verrons.

LE DUC

Bah !

GUERCHARD, en confidence.

Il est déjà ici.

LE DUC

Lupin ?

GUERCHARD

Lupin !

LE DUC

Où ça ?

GUERCHARD

Dans la maison !

LE DUC

Déguisé, alors ?

GUERCHARD

Oui.

LE DUC

Un de vos agents, peut-être ?

GUERCHARD

Je ne crois pas.

LE DUC.

Alors, s’il est déjà ici, nous le tenons… Il va venir.

GUERCHARD

J’espère, mais osera-t-il ?

LE DUC

Comment ?

GUERCHARD

Dame ! Vous l’avez dit vous-même, c’est une forteresse. Lupin était peut-être décidé à entrer dans cette pièce, il y a une heure, mais maintenant.

LE DUC

Eh bien ?

GUERCHARD

Eh bien, maintenant c’est qu’il faudrait un rude courage, vous savez. Il faudrait risquer le tout pour le tout et jeter bas le masque. Lupin ira-t-il se jeter dans la gueule du loup ? je n’ose pas y croire ? Votre avis ?

LE DUC

Dame ! Vous devez être plus au courant que moi, vous le connaissez depuis dix ans, vous !… Tout au moins sa réputation…

GUERCHARD, s’énervant peu à peu.

Je connais aussi sa manière d’agir. Depuis dix ans, j’ai appris à démêler ses intrigues, ses manœuvres… Oh ! son système est habile… Il attaque l’adversaire… Il le trouble… (souriant) tout au moins il essaie. C’est un ensemble de combinaisons enchevêtrées, mystérieuses ; moi-même, j’y ai été pris souvent. Vous souriez ?

LE DUC

Ça me passionne !

GUERCHARD

Moi aussi. Mais cette fois, j’y vois clair. Plus de ruses, plus de sentiers dérobés, c’est au grand jour que nous combattons !… Lupin a peut-être du courage, il n’a que le courage des voleurs…

LE DUC

Oh !

GUERCHARD

Mais oui, les gredins n’ont jamais beaucoup de vertu.

LE DUC

On ne peut pas tout avoir.

GUERCHARD

Leurs embûches, leurs attaques, leur belle tactique, tout cela, c’est bien court.

LE DUC

Vous allez un peu loin.

GUERCHARD

Mais non, monsieur le Duc, croyez-moi, il est très surfait, ce fameux Lupin.

LE DUC

Pourtant… il a fait des choses qui ne sont pas trop mal.

GUERCHARD

Oh !

LE DUC

Si… Il faut être juste… Ainsi le cambriolage de cette nuit, ce n’est pas inouï, mais enfin, ce n’est pas mal. Ce n’est pas si bête, l’escroquerie des automobiles.

GUERCHARD

Peuh !

LE DUC

Ce n’est pas mal, dans une seule semaine : un vol à l’ambassade d’Angleterre, un autre au ministère des Finances et le troisième chez M. Lépine.

GUERCHARD

Oui.

LE DUC

Et puis rappelez-vous le jour où il s’est fait passer pour Guerchard. Allons, voyons…, entre nous, sans parti pris… Ça n’est pas mal.

GUERCHARD

Non. Mais il a fait mieux récemment… Pourquoi ne parlez-vous pas de ça ?

LE DUC

Ah ! de quoi ?

GUERCHARD

Du jour où il s’est fait passer pour le duc de Charmerace.

LE DUC

Il a fait ça ? Oh ! le bougre ! Mais vous savez, je suis comme vous, moi. Je suis si facile à imiter.

GUERCHARD

Pourtant, monsieur le Duc, ce qui eût été amusant, c’eût été d’arriver jusqu’au mariage…

LE DUC

Oh ! s’il le voulait… mais vous savez, pour Lupin, la vie d’un homme marié…

GUERCHARD

Une grande fortune… une jolie fille.

LE DUC

Il doit en aimer une autre…

GUERCHARD

Une voleuse, peut-être…

LE DUC

Qui se ressemble… Puis, voulez-vous mon avis ? sa fiancée doit l’embêter…

GUERCHARD

C’est égal, c’est navrant, pitoyable, avouez-le, que la veille du mariage, il ait été assez bête pour se démasquer. Et au fond, hein ! est-ce assez logique ? Lupin perçant sous Charmerace, il a commencé par prendre la dot au risque de ne plus avoir la fille.

LE DUC

C’est peut-être ce qu’on appellera le mariage de raison.

GUERCHARD

Quelle chute ! Être attendu à l’Opéra demain soir dans une loge et passer cette soirée-là au dépôt… Avoir voulu dans un mois, comme duc de Charmerace monter en grande pompe les marches de la Madeleine et dégringoler les escaliers du beau-père, ce soir (avec force), oui, ce soir, le cabriolet de fer aux poignets… Hein ! est-ce assez la revanche de Guerchard ! de cette vieille ganache de Guerchard ?… Le Brummel des voleurs en bonnet de prison… Le gentleman cambrioleur sous les verrous !… Pour Lupin ça n’est qu’un petit ennui, mais pour un duc, c’est un désastre… Allons ! voyons, à votre tour, sans parti pris, vous ne trouvez pas ça amusant ?…

LE DUC, qui est assis devant lui, relève la tête et froidement.

T’as fini ?…

GUERCHARD

Hein ?

(Ils se dressent l’un devant l’autre.)

LE DUC

Moi, je trouve ça amusant.

GUERCHARD

Et moi, donc.

LE DUC

Non, toi tu as peur.

GUERCHARD

Peur ? Ah ! Ah !

LE DUC

Oui, tu as peur. Et si je te tutoie, gendarme, ne crois pas que je jette un masque… Je n’en porte pas. Je n’ai rien à démasquer. Je suis le duc de Charmerace.

GUERCHARD

Tu mens ! Tu t’es évadé, il y a dix ans de la Santé. Tu es Lupin ! Je te reconnais maintenant.

LE DUC

Prouve-le.

GUERCHARD

Oui.

LE DUC

Je suis le duc de Charmerace.

GUERCHARD

Ah !

LE DUC

Ne ris donc pas. Tu n’en sais rien.

GUERCHARD

On se tutoie, pourtant.

LE DUC

Qu’est-ce que je risque ? Peux-tu m’arrêter ? Tu peux arrêter Lupin… mais arrête donc le duc de Charmerace, honnête homme, dandy à la mode, membre du Jockey-Club, de l’Union, demeurant en son hôtel, 34 bis, rue de l’Université ; arrête donc le duc de Charmerace, fiancé à Mlle Gournay-Martin.

GUERCHARD

Misérable !

LE DUC

Eh bien ! Vas-y !… sois ridicule, fais-toi fiche de toi par tout Paris… Fais-les entrer tes flics… As-tu une preuve ?… Une seule ? Non, pas une…

GUERCHARD

Oh ! j’en aurai.

LE DUC

Je crois… Tu pourras m’arrêter dans huit jours… après-demain, peut-être… peut-être jamais… mais pas ce soir, c’est certain…

GUERCHARD

Ah ! Si quelqu’un pouvait t’entendre !

LE DUC

Ne te frappe pas… Ça ne prouverait rien. D’abord, le juge d’instruction te l’a dit. Quand il s’agit de Lupin, tu perds la boule. Tiens ! Le juge d’instruction voilà un garçon intelligent.

GUERCHARD

En tout cas le diadème, ce soir…

LE DUC

Attends, mon vieux… Attends. (Se levant.) Sais-tu ce qu’il y a derrière cette porte ?

GUERCHARD, sursautant.

Hein ?

LE DUC

Froussard, va.

GUERCHARD

Nom de nom !

LE DUC

Je te dis que tu vas être pitoyable !

GUERCHARD

Cause toujours.

LE DUC

Pitoyable ! De minute en minute et à mesure que l’aiguille se rapprochera de minuit, tu seras plus éprouvé… (Violemment.) Attention !

GUERCHARD, bondissant.

Quoi ?

LE DUC

Ce que tu as la trouille !

GUERCHARD

Cabot !

LE DUC

Oh ! tu n’es pas plus lâche qu’un autre… mais qui peut supporter l’angoisse de ce qui va survenir et qu’on ne connaît pas ? (Avec force.) J’ai raison, tu le sens, tu en es sûr. Il y a au bout de ces minutes comptées un événement fatal implacable. Ne hausse donc pas les épaules, tu es vert.

GUERCHARD

Mes hommes sont là… je suis armé.

LE DUC

Enfant ! Mais souviens-toi, souviens-toi que c’est toujours quand tu avais tout prévu, tout combiné, tout machiné, souviens-toi que c’est alors que l’accident jetait bas tout ton échafaudage. Rappelle-toi, c’est toujours au moment où tu vas triompher, qu’il te bat et il ne te laisse atteindre le sommet de l’échelle que pour mieux te flanquer par terre.

GUERCHARD

Mais avoue-le donc que tu es Lupin.

LE DUC

Je croyais que tu en étais sûr…

GUERCHARD, tirant ses menottes.

Ah ! je ne sais pas ce qui me retient, mon petit.

LE DUC, vivement et avec hauteur.

Assez, n’est-ce pas.

GUERCHARD

Hein ?

LE DUC

En voilà assez, je veux bien jouer à ce qu’on se tutoie tous les deux, mais ne m’appelez pas votre petit.

GUERCHARD

Va, va… Tu ne m’en imposeras plus longtemps.

LE DUC

Si je suis Lupin, arrêtez-moi.

GUERCHARD

Dans trois minutes ! ou alors, c’est qu’on n’aura pas touché au diadème.

LE DUC

Dans trois minutes on aura volé le diadème et vous ne m’arrêterez pas.

GUERCHARD

Ah ! je jure bien… je jure…

LE DUC

Ne fais pas de serments imprudents. Plus que deux minutes.

(Il tire son revolver.)

GUERCHARD

Hein ! Ah ! mais non.

(Il prend aussi son revolver.)

LE DUC

Voyons ! Vous ne m’avez pas recommandé de tirer sur Lupin !

GUERCHARD

Eh bien !

LE DUC

Eh bien ! J’apprête mon revolver puisqu’il va venir… Plus qu’une minute…

GUERCHARD, allant vers la porte.

Nous sommes en nombre !

LE DUC

Ah ! Poule mouillée !

GUERCHARD

Eh bien, non, moi tout seul.

LE DUC

Imprudent !

GUERCHARD

Au moindre geste que vous ferez… au moindre mouvement… je fais feu.

LE DUC

Je m’appelle le duc de Charmerace, vous serez arrêté le lendemain.

GUERCHARD

Je m’en fous.

LE DUC

Plus que cinquante secondes.

GUERCHARD

Oui.

LE DUC

Dans cinquante secondes le diadème sera volé.

GUERCHARD

Non.

LE DUC

Si !

GUERCHARD

Non, non, non. (La pendule se met à sonner ; ils se mesurent du regard. Deux fois le duc esquisse un mouvement. Guerchard à chaque fois se précipite. Au douzième coup, s’élancent tous deux. Le duc prend son chapeau qui est à côté du diadème et Guerchard saisit le diadème.) Ah ! je l’ai… Enfin… Ai-je gagné ? Suis-je roulé cette fois-ci ! Lupin a-t-il pris le diadème ?

LE DUC, gaiement, mettant son paletot.

J’avais bien cru… Mais es-tu bien sûr ?

GUERCHARD

Hein !

LE DUC, se retenant de rire et tout en sonnant.

Tiens ! rien qu’au poids… Il ne te semble pas un peu léger ?

GUERCHARD

Quoi ?

LE DUC, pouffant.

Celui-là est faux !

GUERCHARD

Tonnerre de Dieu ! ! !

LE DUC, à part, entrouvrant son paletot qui cache le diadème. Celui-là est vrai. (Aux agents qui entrent.) On a volé le diadème.

(Il s’enfuit par la porte de gauche.)

GUERCHARD, se réveillant de sa torpeur.

Tonnerre de Dieu ! Où est-il ?

BOURSIN

Qui ça ?

GUERCHARD

Mais le duc !

LES HOMMES

Le duc ?

GUERCHARD, affolé.

Mais empêchez-le de sortir. Suivez-le… Arrêtez-le. Rattrapez-le avant qu’il ne rentre chez lui.

Rideau


ACTE IV

La scène représente un fumoir très élégant. Table de travail sur laquelle se trouve un téléphone, divans, secrétaire, etc.

Au lever du rideau, face au public, grande baie donnant sur une cage d’ascenseur. À gauche de cette cage, une bibliothèque.

Au fond, à droite et en pan coupé, porte donnant sur le vestibule. Cette porte est grande ouverte. À gauche 2 e plan, une fenêtre donnant sur la rue. À droite ou à gauche 1 er plan, une porte.


Scène première

VICTOIRE, CHAROLAIS, CHAROLAIS fils.

CHAROLAIS, à la fenêtre, se retournant.

Foutu ! on a sonné.

CHAROLAIS fils.

Non. C’est la pendule.

VICTOIRE, accourant.

Six heures… six heures… mais où est-il ?… Le coup doit être fait depuis minuit… Où est-il ?

CHAROLAIS, près de la fenêtre.

On doit le filer… il n’ose pas rentrer.

VICTOIRE

J’ai envoyé l’ascenseur en bas, au cas où il arriverait par l’issue secrète.

CHAROLAIS

Mais alors, nom de nom ! baissez les volets, comment voulez-vous que l’ascenseur monte si la porte reste ouverte !

VICTOIRE

Oui… J’ai la tête perdue… (Elle appuie sur un bouton. Les volets tombent. La cage de l’ascenseur est masquée.) Si on téléphonait à Justin, à la maison de Passy.

CHAROLAIS

Justin n’en sait pas plus que nous.

CHAROLAIS fils.

On ferait mieux de grimper là-haut.

VICTOIRE

Non. Il va rentrer. J’espère encore.

CHAROLAIS

Mais si on sonne, nom de nom !… si on vient fouiller les papiers… il ne nous a rien dit… on n’est pas préparé… Qu’est-ce que nous allons faire ?

VICTOIRE

Et moi est-ce que je me plains ?… si on vient m’arrêter ?

CHAROLAIS fils.

On l’a peut-être arrêté, lui.

VICTOIRE

Ah ! ne dites pas ça !… (Un temps,). Les deux agents sont toujours là ?

CHAROLAIS

Vous approchez pas de la fenêtre, vous on vous connaît… (Regardant à la fenêtre.) Oui… devant le café… en face… Tiens !…

VICTOIRE

Quoi ?

CHAROLAIS

Deux types qui courent.

VICTOIRE

Deux types qui courent ? Ils viennent par ici ?

CHAROLAIS

Non.

VICTOIRE

Ah !

CHAROLAIS

Ils s’approchent des flics, ils leur parlent ! Tonnerre ! Ils traversent tous la rue en courant !…

VICTOIRE

De ce côté ?… Ils viennent de ce côté ?

CHAROLAIS

Oui, ils viennent ! ils viennent !… ils viennent ! ! !

VICTOIRE

Et lui qui n’est pas là ! Pourvu qu’ils ne viennent pas… pourvu qu’il ne sonne pas… pourvu…

(Coup de sonnette au vestibule. Ils restent tous pétrifiés. Mais les volets de l’ascenseur se lèvent. Paraît Lupin, visage défait, méconnaissable, col arraché, etc. Les volets se rabaissent.)

VICTOIRE

Tu es blessé ?

LUPIN

Non… (Second coup de sonnette. À Charolais père avec des gestes d’une énergie précise.) Ton gilet… va ouvrir… (À Charolais fils.) Ferme la bibliothèque… (À Victoire.) Cache-toi donc, toi, tu veux donc nous perdre !…

Il sort précipitamment à gauche premier plan.

Victoire et les deux Charolais sortent premier plan à droite.

(Charolais fils a pressé un bouton. La bibliothèque glisse et vient masquer l’emplacement de l’ascenseur.)


Scène II

CHAROLAIS, DIEUSY, BONAVENT, puis LUPIN.

(Charolais qui a passé son gilet de livrée, vient par la droite et se dirige vers le vestibule.)

CHAROLAIS

Mais… monsieur le Duc…

(Bruit à la cantonade.)

DIEUSY

Allons… en voilà assez.

(Il entre en courant avec Bonavent.)

BONAVENT

Par où est-il parti ? Il n’y a pas deux minutes on était sur sa trace.

DIEUSY

Nous l’empêcherons toujours de rentrer chez lui.

BONAVENT

Mais tu es bien sûr que c’était lui ?

DIEUSY

Ah ! là là !… Je t’en réponds !…

CHAROLAIS

Mais, Messieurs, je ne peux pas vous laisser ici, M. le Duc n’est pas réveillé.

DIEUSY

Réveillé. Il galope depuis minuit, votre duc. Et même qu’il court rudement bien.

LUPIN, entrant. Il est en pantoufles de maroquin, chemise de nuit, pyjama foncé.

Vous dites ?

DIEUSY et BONAVENT

Hein ?

LUPIN

C’est vous qui faites tout ce tapage ? (Dieusy et Bonavent se regardent interdits.) Ah çà ! mais, je vous connais. Vous êtes au service de Guerchard ?

DIEUSY et BONAVENT

Oui.

LUPIN

Eh bien, vous désirez ?

DIEUSY

Plus… plus rien… On a dû se tromper.

LUPIN

Dans ce cas…

(Il fait un signe à Charolais. Celui-ci ouvre la porte.)

DIEUSY, sortant, à BONAVENT.

Quelle bourde ! Guerchard est capable d’en être révoqué !

BONAVENT

Je te l’avais dit : un duc ! c’est un duc !


Scène III

LUPIN seul, puis VICTOIRE, puis CHAROLAIS.

(Resté seul, Lupin qui déjà pendant la scène des agents chancelait de fatigue s’affaisse sur le canapé.)

VICTOIRE, rentrant de droite.

Mon petit !… (Lupin ne répond pas. Lui prenant la main.) Mon petit, remets-toi… Voyons… (À Charolais qui rentre de gauche.) Le déjeuner !… Il n’a rien pris ce matin !… (À Lupin.) Tu veux déjeuner ?

LUPIN

Oui.

VICTOIRE, irritée.

Ah ! si c’est Dieu possible, cette vie que tu mènes… Tu ne changeras donc pas… (Alarmée.) T’es tout pâle… pourquoi ne parles-tu pas ?

LUPIN, d’une voix brisée.

Ah ! Victoire ! Que j’ai eu peur !

VICTOIRE

Toi ! tu as eu peur ?

LUPIN

Tais-toi, ne le dis pas aux autres… mais cette nuit… Ah ! J’ai fait une folie… vois-tu… j’étais fou !… Une fois le diadème changé par moi sous le nez même de Gournay-Martin, une fois Sonia et toi hors de leurs griffes, je n’avais qu’à me défiler, n’est-ce pas ? Non, je suis resté par bravade, pour me payer la tête de Guerchard. Et après moi… moi qui suis toujours de sang-froid… eh bien, j’ai fait la seule chose qu’il ne fallait pas faire : au lieu de m’en aller tranquillement en duc de Charmerace… eh bien… j’ai fichu le camp… Oui je me suis mis à courir… comme un voleur… Ah ! au bout d’une seconde j’ai compris la gaffe… ça n’a pas été long… Tous les hommes de Guerchard étaient à mes trousses… et le diadème pigé sur moi… j’étais cuit !…

VICTOIRE

Guerchard… alors ?

LUPIN

Le premier affolement passé, Guerchard avait osé voir clair et regarder la vérité… l’esprit de l’escalier… de l’escalier que je descendais… que je dégringolais !… Alors quoi !… ç’a été la chasse. Il y en avait dix, quinze après moi. Je les sentais sur mes talons, essoufflés, rauques, violents, une meute, quoi… une meute… Moi la nuit d’avant je l’avais passée en auto… J’étais claqué… Enfin j’étais battu d’avance… puis ils gagnaient du terrain, tu sais…

VICTOIRE

Il fallait te cacher.

LUPIN

Ils étaient trop près, je te dis, à 3 mètres, puis ç’a été 2 mètres puis 1 mètre… Ah ! Je n’en pouvais plus… Tiens, à ce moment, je me rappelle, c’était la Seine… je passai sur le pont… j’ai voulu… Ah ! oui… plutôt que d’être pris, j’ai voulu en finir, me jeter…

VICTOIRE, affolée.

Ma Doué ! Et alors ?

LUPIN

Alors, j’ai eu une révolte, j’ai pensé…

VICTOIRE

À moi ?…

LUPIN

Oui, à toi aussi… Je suis reparti, je m’étais donné une minute, la dernière… J’avais mon revolver sur moi… Ah ! pendant cette minute, tout ce que j’avais d’énergie, je l’ai employé… J’ai regardé derrière moi… c’est moi maintenant qui gagnais du terrain… Ils s’échelonnaient… ils étaient crevés eux aussi… tiens !… ça m’a redonné du courage… J’ai regardé autour de moi où j’étais… Machinalement, à travers tant de rues, par instinct, je crois, je m’étais dirigé vers chez moi… Un dernier effort, j’ai pu arriver jusqu’ici au coin de la rue, ils m’ont perdu de vue… l’issue secrète était là… personne ne la connaît… J’étais sauvé !… (Un temps, puis avec un sourire défait.) Ah ! ma pauvre Victoire, quel métier !

CHAROLAIS, entrant avec un plateau.

Vlà votre petit déjeuner, patron !

LUPIN, se levant.

Ah ! ne m’appelle pas patron… C’est comme cela que les flics appellent Guerchard… ça me dégoûte !…

CHAROLAIS

Vous vous êtes rudement bien tiré d’affaire. Vous l’avez échappé belle.

LUPIN

Oui, jusqu’à présent, ça va bien, mais tout à l’heure, ça va barder… (Sort Charolais. Pendant que Victoire le sert, il examine le diadème.) Il n’y a pas à dire, c’est une jolie pièce…

VICTOIRE

Je t’ai mis deux sucres. Veux-tu que je t’habille ?

LUPIN

Oui… (Il s’installe pour déjeuner. Sort Victoire.) Ces œufs sont délicieux, le jambon aussi… ça m’avait creusé… C’est très sain, au fond cette vie-là…

VICTOIRE, entrant et apportant les bottines.

Je vais te les mettre.

(Elle s’agenouille pour les lui mettre.)

LUPIN, s’étirant.

Victoire, ça va beaucoup mieux !

VICTOIRE

Oh ! je sais bien… l’émotion… tu veux te tuer… puis t’es jeune… tu reprends le dessus… Et cette vie de menteries, de vols, les choses pas propres, ça recommence !

LUPIN

Victoire, la barbe !

VICTOIRE

Non, non ! ça finira mal. Être voleur, c’est pas une position. Ah ! quand je pense à ce que tu m’as fait faire cette nuit et la nuit d’avant.

LUPIN

Ah ! parlons-en ! T’as fait que des gaffes !

VICTOIRE

Qu’est-ce que tu veux ! moi je suis honnête.

LUPIN

C’est vrai… Je me demande même comment tu peux rester avec moi.

VICTOIRE

Ah ! c’est ce que je me demande tous les jours, moi aussi, mais j’sais point… C’est peut-être parce que je t’aime trop…

LUPIN

Moi aussi, ma brave Victoire, je t’aime bien.

VICTOIRE

Puis, vois-tu, il y a des choses qui ne s’expliquent pas. J’en parlais souvent avec ta pauv’mère !… Ah ! ta pauvre mère ! Tiens, v’là ton gilet !

LUPIN

Merci.

VICTOIRE

Tout petit, tu nous étonnais… t’étais déjà d’une autre espèce, t’avais des mines délicates, des petites manières à toi, c’était aut’chose… Alors, tu pouvais pas cultiver la terre, n’est-ce pas, comme ton papa, qui avait les mains calleuses et qui vendait des betteraves.

LUPIN

Pau’papa !… N’empêche que s’il me voyait, ce qu’il serait fier.

VICTOIRE

À sept ans, t’étais déjà mauvais garçon, faiseur de niches… et tu volais déjà !…

LUPIN

Oh ! du sucre !

VICTOIRE

Oui, ça a commencé par du sucre, puis ça a été des confitures, puis des sous. Oh ! à c’t’époque, ça allait ! Un voleur tout petit, c’est mignon, mais maintenant, vingt-huit ans.

LUPIN

Tu es crevante, Victoire !

VICTOIRE

Je sais bien, t’es pas corrompu, tu ne voles que les riches, t’as toujours aimé les petites gens… Ah ! oui, pour ce qui est du cœur, t’es un brave garçon.

LUPIN

Eh bien, alors ?

VICTOIRE

Eh bien, tu devrais avoir d’autres idées en tête. Pourquoi voles-tu ?

LUPIN

Tu devrais essayer, Victoire.

VICTOIRE

Ah ! Jésus-Marie !

LUPIN

Je t’assure… Moi, j’ai tâté de tout. J’ai fait ma médecine, mon droit, j’ai été acteur, professeur de jiu-jitsu. J’ai fait comme Guerchard, partie de la Sûreté. Ah ! quel sale monde !… Puis je me suis lancé dans la société. J’ai été duc. Eh bien, pas un métier ne vaut celui-là, même pas celui de duc ! Que d’imprévu, Victoire… Comme c’est varié, terrible, passionnant ! Et puis comme c’est rigolo !

VICTOIRE

Rigolo ! ! !

LUPIN

Ah ! oui… les richards, les bouffis, tu sais, dans leur luxe, quand on les allège d’un billet de banque, la gueule qu’ils font !… T’as bien vu le gros Gournay-Martin quand on l’a opéré de ses tapisseries… quelle agonie ! Il en râlait. Et le diadème ! Dans l’affolement déjà préparé à Charmerace, puis à Paris, dans l’affolement de Guerchard, le diadème, je n’ai eu qu’à le cueillir. Et la joie, la joie ineffable de faire enrager la police ! et l’œil bouilli que fait Guerchard quand je le roule !… Et enfin contemple… (Il montre l’appartement.) Duc de Charmerace, ça mène à tout, ce métier-là !… ça mène à tout, à condition de n’en pas sortir… Ah ! vois-tu, quand on ne peut pas être un grand artiste ou un grand guerrier, il n’y a plus qu’à être un grand voleur.

VICTOIRE

Ah ! tais-toi ! Ne parle pas comme ça. Tu te montes, tu te grises. Et tout ça, c’est pas catholique. Tiens ! Tu devrais avoir une idée, qui te fasse oublier toutes ces voleries… de l’amour… ça te changerait… j’en suis sûre… ça ferait de toi un autre homme. Tu devrais te marier.

LUPIN, pensif.

Oui… peut-être… ça ferait de moi un autre homme, tu as raison.

VICTOIRE, joyeuse.

C’est vrai, tu y penses ?

LUPIN

Oui.

VICTOIRE

Oui, mais pas de blagues ! plus de poulettes d’un soir, une vraie femme… une femme pour la vie…

LUPIN

Oui.

VICTOIRE, toute contente.

C’est sérieux, mon petit, tu as de l’amour au cœur, du bon ?

LUPIN

Oui, du vrai amour.

VICTOIRE

Ah ! mon petit !… Et comment est-elle ?

LUPIN

Elle est jolie, Victoire.

VICTOIRE

Ah ! pour ça, je me fie à toi. Et elle est brune, blonde ?

LUPIN…

Oui, blonde. Et mince, avec un teint à peine rose, l’air d’une petite princesse.

VICTOIRE, sautant de joie.

Ah ! mon petit ! Et qu’est-ce qu’elle fait de son métier ?

LUPIN

Ah bien voilà ! Elle est voleuse !

VICTOIRE, éplorée.

Ah ! Jésus-Marie !

CHAROLAIS, entrant.

Je peux enlever le petit déjeuner ?

(Sonnerie du téléphone.)

LUPIN

Chut !… (À Charolais qui fait un mouvement.) Laisse… Allô !… Oui… Comment… C’est vous ?… (À Charolais, bas.) La petite Gournay-Martin… Si j’ai passé une bonne nuit ?… Excellente !… Vous voulez me parler tout de suite… vous m’attendez au Ritz…

VICTOIRE

N’y va pas !

LUPIN

Chut !… (téléphonant.) Dans dix minutes ?

CHAROLAIS

C’est un piège.

LUPIN

Sapristi !… C’est donc bien grave ?… Eh bien, je prends ma voiture et j’arrive… À tout à l’heure !

VICTOIRE

Et puis si elle sait tout !… si elle se venge… si elle t’attire là-bas pour te faire arrêter…

CHAROLAIS

Mais oui… le juge d’instruction doit être au Ritz avec Gournay-Martin… Ils doivent tous y être !

LUPIN, après un instant de réflexion.

Vous êtes fous ! S’ils voulaient m’arrêter, s’ils avaient la preuve matérielle qu’ils n’ont pas encore, Guerchard serait déjà ici.

CHAROLAIS

Alors, pourquoi vous ont-ils poursuivi ?

LUPIN, montrant le diadème.

Et ça, c’est donc pas une raison ? Au lieu de cela, les flics arrivent et on me réveille… c’est même plus moi qu’on a suivi… Alors les preuves… les preuves matérielles, où sont-elles ?… il n’y en a pas, ou plutôt c’est moi qui les ai… (Ouvrant un des tiroirs de la bibliothèque et prenant un portefeuille.) La liste de mes correspondants de province et de l’étranger… l’acte de décès du duc de Charmerace… il y a là tout ce qu’il faudrait à Guerchard pour décider le juge d’instruction à marcher… (À Charolais.) Ma valise… (Il les met dans la valise.) Je mets ça là… Si nous avons à filer, c’est plus sûr… puis si jamais on me pince, je ne veux pas que ce gredin de Guerchard m’accuse d’avoir tué le duc. Je n’ai encore assassiné personne !

VICTOIRE, qui a été chercher le paletot et le chapeau de Lupin.

Ça pour ce qui est du cœur…

CHAROLAIS

Pas même le duc de Charmerace, et, quand il était si malade c’était si facile, une petite potion…

LUPIN, s’habillant pour sortir.

Tu me dégoûtes !

CHAROLAIS

Au lieu de ça, vous lui avez sauvé la vie.

LUPIN, même jeu.

C’est vrai. Je l’aimais bien ce garçon-là. D’abord, il me ressemblait. Je crois même qu’il était mieux que moi.

VICTOIRE

Non. C’était pareil. On aurait dit deux frères jumeaux.

LUPIN

Ça m’a donné un coup la première fois que j’ai vu son portrait… tu te souviens, il y a trois ans, le jour du premier cambriolage chez Gournay-Martin…

CHAROLAIS

Si je me souviens !… C’est moi qui vous l’ai signalé. Je vous ai dit « Patron, c’est vous tout craché ! » Et vous m’avez répondu : « Il y a quelque chose à faire avec ça »… c’est alors que vous êtes parti pour les neiges et les glaces, et que vous êtes devenu l’ami du duc, six mois avant sa mort.

LUPIN

Pauvre Charmerace ! C’était un grand seigneur ! Avec lui un beau nom allait s’éteindre… je n’ai pas hésité, je l’ai continué… (Consultant sa montre et d’une voix posée.)… Sept heures et demie… J’ai le temps de passer rue Saint-Honoré prendre mon viatique.

VICTOIRE

Grand Dieu ! Toujours cette idée !

LUPIN

Ah ! je file !

VICTOIRE, vivement.

Sans même un déguisement ?… Sans même regarder au dehors si t’es épié ?…

LUPIN

Non, je serais en retard. La petite Gournay-Martin pourra, un jour, me reprocher une certaine muflerie. Je n’y ajouterai pas une incorrection.

CHAROLAIS

Mais…

LUPIN

Je n’ai jamais fait attendre les femmes… Victoire, range le diadème… tiens, dans ce tabouret.

(Il sort.)

VICTOIRE

C’est un chevalier. Il y a quelques années il aurait fait la croisade, au jour d’aujourd’hui, il barbote des diadèmes. Si c’est pas malheureux !

(Elle se baisse, ouvre un petit tabouret et cache le diadème.)

CHAROLAIS

Il est capable de tout avouer à la petite par chic. On n’a que le temps de faire ses paquets, allez !

VICTOIRE

Oui. Il y a un bon Dieu ! Et ça finira mal. (Ils vont pour sortir. On sonne au vestibule. Avec effroi.) On a sonné.

CHAROLAIS

Filez ! J’ouvre.

(Elle sort. Il passe dans le vestibule. La scène reste vide.)


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