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Если душа родилась крылатой
  • Текст добавлен: 16 октября 2016, 22:04

Текст книги "Если душа родилась крылатой"


Автор книги: Марина Цветаева


Жанр:

   

Поэзия


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Superflue) – est couture.

Ni mur, ni pansement, – couture!

– Pas d’armure pour toi!

Couture: le mort cousu dur

En terre, et moi – a` toi!

(Le temps dira de quelle trempe:

Preґcaire ou reґsistante!)

En tout cas, l’ami, – deґchirure!

Mille eґclats et deґbris!

Fracas! Encore heureux (– cassure!)

Qu’elle n’ait pas pourri!

Pas d’infection! Rouge – la vie

Veineґe sous le bati!

Oh! ne perd pas qui rompt

En force!

Banlieue, faubourg: des fronts

Le divorce.

Cerveaux – au vent! (Dans les

Peґripheґries – gibets).

Oh! ne perd pas qui rompt et part,

A l’heure ou` l’aube point!

Une vie cousue pour toi, tard,

Sans bati, par mes soins.

Tordue? Pas de griefs! Faubourg:

Rupture des coutures.

Ames sans appret: plaies

Partout!...

Banlieue, faubourg... Ample est

Le courroux

Du faubourg. Entends le destin,

Sa botte dans les flaques

De boue!... Ami, juge ma main

Qui coud en toute hate:

Le fil – va le deґfaire!

Le der-nier reґverbe`re!

Ici? La magie gagne —

Regard. (Races qui croient:

Regard). – Sur la montagne?

Pour la der-nie`re fois!



12

– Collines. Crinie`re

Drue: pluie dans les yeux.

Le faubourg – derrie`re,

On est en banlieue,

On est. Mais qu’en faire?

Maratre-vireґe,

Plus de lieu sur terre.

Nous, ici: crever.

Un champ. Haie autour.

Fre`re et sur – nous deux!

La vie est faubourg. —

Construis en banlieue!

La cause est, messieurs,

Perdue! – Inutile...

Des faubourgs – rien qu’eux!

Mais ou` sont les villes?!

La pluie rage et broie.

Debout, nous – deux etres:

Rageons. En trois mois

Premier tete a` tete.

Emprunter – c’est a`

Job que voulait Dieu?

Mais sans reґsultat...

On est en banlieue!

A l’exteґrieur! Hors! Hors de la ville!

Remparts franchis! Tu comprends?

Vivre est un lieu ou` c’est impossible:

Le quar-tier juif, du dedans...

Et ne vа-t-on pas le front plus haut,

En devenant juif errant?

Aux yeux de qui n’est pas un salaud,

Le po-grome juif eґtant

La vie. Ne vit que grace aux nombreux

Reneґgats! Grace aux Judas!

Plutot sur les les de leґpreux,

En enfer! – mais pas dans la

Vie, – que pour les reneґgats, que pour

Le bourreau: a` lui – la brebis!

Le droit a` ma carte de seґjour

Je le pieґtine! J’en ris!

Pieґtineґ! Bouclier de David —

Vengeґ! Viser dans la glu

Des corps! N’est-il pas enivrant: vivre —

Le Juif ne l’a pas voulu?!

Ghetto des eґlites! Au trou! Tiens!

Pas de pitieґ! Que des gifles!

En ce monde-ci hyperchreґtien

Les poe`tes sont des Juifs!



13

Aiguiser les couteaux sur

Le roc, ou bien balayer

La sciure! De la fourrure

Sous les mains – mouilleґe!

Eh bien!, les surs, quoi?!

– Force et seґcheresse

D’homme! Sous les doigts —

Larmes, non averse!

De quels charmes maintenant

Parler? Sur tes biens – l’eau trone!

Apre`s tes yeux de diamant,

Me ruisselant sous les paumes,

Fin de la fin. Cesse

Pour moi – le naufrage.

Caresses, caresses

Le long du visage.

C’est notre orgueil a` nous deux —

Polonaises, a` nous autres —

Marina. Apre`s tes yeux

D’aigle pleurant sous mes paumes...

Mon ami, tu pleures!

Pardon! Tout est mien!

O sel et rondeurs

Au creux de la main!

Larmes d’homme sont brutales.

Sur le crane – la massue!

Pleure! Et reґpare plus tard

La honte avec moi perdue.

U-ne mer relie —

Les poissons! Se le`ve:

... Coquille sans vie,

Le`vres contre le`vres.

En larmes.

De l’oseille —

Au gout.

– Demain

Au reґveil,

Moi – ou`?



14

Le sentier a` moutons —

Descend. Ville en vacarme.

Vers nous, trois filles vont.

Elles rient. Face aux larmes

Elles rient, – plein midi

Terrestre, hautes cretes

Marines!

– Elles rient

De tes larmes abjectes,

Indues, d’homme!, visibles

Dans la pluie: plaies strieґes!

Perle honteuse qu’exhibe

Le bronze du guerrier.

De tes larmes, – oh! verse! —

Premie`res et dernie`res.

Tes larmes, ces perles

Que ma couronne acquiert.

Mes yeux leveґs – exprе`s!

Ils traversent l’averse,

Fixes. Fixez plus pre`s,

Poupeґes de Veґnus! Reste

Ce lien-ci plus eґtroit

Que l’attrait et l’eґtreinte.

Le Chant des Chants nous doit

La parole – on l’emprunte,

– Obscurs oiseaux: contraint,

Salomon s’eґmerveille,

Puisque pleur en commun

Est bien plus que sommeil!

Lui – ployeґ, eґgal – passe

Les creux d’ombre en arceaux,

En silence, sans trace —

Comme sombre un vaisseau.


Envoye de la mer

Par le vent nord-sud,

Je sais: pas possible!

Possible – j’en use!

En engin mobile,

– Tourniquet d’air: lutte

Chassant les copeaux —

Reve: trois minutes

De dureґe. Presto!

Qu’importe a` quel cou

Tu dors. Trois minutes.

L’Oceґan – Moscou:

Trop long – inutile!

Fulgurant trajet

Reґserveґ: sans frein!

De mon reve j’ai

Sauteґ dans le tien.

Tu reves de moi.

Clair? Flagrant? Plus net

Que sous la paroi

D’un timbre? Une lettre —

Je vaux? Un cachet —

Je vaux? A ton greґ?

Je le jure: c’est

Moi, pas du papier!

Des murs de ceґsure

Libre. Du bord: saut!

Exempt de censure,

Exempteґ de sceau.

Tous berneґs, pantois,

– Cursive du reve —

De la mer a` toi —

Missive si bre`ve!

Si bre`ve deґpeche.

Mon poids? C’est a` rire!

Quel qu’il soit – n’empeche

Rien: avec ma lyre

Entie`re, le loin,

Les Cenci, leurs drames.

Un reve, c’est moins

Qu’un pli de dix grammes.

Six: pour chacun – trois

(Le reve est mutuel)

Tu regardes, – vois!

Pas imperosonnel —

Le nez, forme d’un teґ —

Le front, ancien signe

– Rien a` ajouter —

Des le`vres qui signent.

C’est moi – sans la glose,

C’est moi – sans rature.

Poigneґe – o de roses

Des Alpes!, masure

A la mer, pourtant

Vagues – bien gentilles.

Tiens – de l’Oceґan:

Poigneґe de coquilles.

Prends-les peu a` peu a` leur place en rond.

La mer jouait. Jouer – c’est etre bon.

La mer jouait, et moi je les prenais,

La mer perdait, et moi je lеs posais

Dans l’antre, dans ma joue – apre, salin!

Bonne bote – la bouche, si les mains

Sont prises. Vive toi, lame! Renais!

La Muse perdait, la vague prenait.

Coraux de crabes – comprendre: coquilles.

La mer jouait, jouer – betes broutilles!

Penser – me`che d’argent! —

Intelligent! Jouons!

Aux coquillages. Air: «Petit navire».

L’un – en forme de cur, l’autre de lyre,

Trois tas: la cleґ de sol

De l’enfance – en survol.

L’ai ramasseґe pre`s des poissons qu’on rentre.

Ca – rogaton d’angoisse deґvorante:

Caillou, – toi, ca t’arrange —

Mieux que vague je ronge,

Enrageґe sur la dune deґserteґe.

Ca? Rognures d’amour qui a eґteґ:

Le restaurer – pas sure:

Peu profonde morsure.

Lui la`, sur la liste il n’est pas inscrit.

Ca – rongement: non d’amour – grignotis

Du remords. Camelote —

Pleurer! Je le grignote

Lui, – pas le moins du monde grignotable.

Ca – mais c’est nos restes de coquillages

Pour demain. Vois! Oh non!

Dommage. Partageons.

Pas ceux qui plairont, ce qui sortira.

(Ton fils, pour jouer on ne pourrait pas

Le prendre – on serait trois?)

Le premier coup – c’est moi.

Oui, mais le sable entre les doigts – fluide!

Attends: d’une strophe ce sont les bribes:

«La gloire est souterraine»

Bon. Comple`te, toi-meme.

Oui, mais le sable entre les doigts – coulant!

Attends: ce sont les frusques du serpent:

Jalousie! Tout pareґ,

Le muant, – de fierteґ,

De son plein droit, regardez-le qui rampe!

Finir un crabe vide – on n’est pas membre

De «Na Postu». Nul crabe:

Mais gloire qui deґrape.

Caprice modique:

Caillou – Pierre Ponce.

Creux comme un critique.

Comme un censeur – fronce

Son front au nouveau.

– Les censeurs: qu’ils dorment!

De nos vers, s’il faut —

C’est l’aube la norme.

(L’aube a beau regard:

L’eau de Castalia

Pour amie. S’eґgare

La plume: aleґas!

«Mon lapin, des vers?

Il y en a plein!»

On passe au travers

Sans qu’un il malin…)

Meule, toi, meule, toi, ronde marine!

Mammouth, papillon – la mer tout mouline.

Pas de notre mouture —

Parler d’elle: sciure!

Voila`, j’ache`ve de dire et – silence.

Mer, belle meunie`re! Bas-fond: lieu dense

Ou` nous, choses menues:

Balayeґs! Tout moulus!

Professeur, moulin a` paroles, cesse!

Bas-fonds – que nos continents! Natre: qu’est-ce?

(But: multiplication)

– Echouer sur un bas-fond.

Propice: de naphte, tourbe muni!

Immortaliteґ ensableґe – la vie.

Fiers, mais hors de propos!

La vie? – Peґnurie d’eau

Supraoceґane.

Pardon d’avance:

De ces objets toc que je te balance.

– Fonds marins jamais vus,

Balanceґs par le flux.

Il ne fait que laisser: prend – qui le veut!

Que le reflux apporte – c’est curieux,

Que dans la paume il porte.

Tu reconnais les notes?

Il nous en reste deux ou trois chacun,

Quand le dieu qui les apporta – retient,

Reflue… Le luth orphique…

Plage – page a` musique!

– Un instant de ramassage divers!

Je te balance un tas de balivernes:

Tant de mots qui moulinent

De l’eґtoffe marine!

Comme a la pecheuse quand elle vend.

Enfin je t’ai reґserveґ un preґsent.

Fais-en ceci: rends proches

La mer et Moscou, proches —

La Sovieґtorussie et l’Oceґan.

Au reґpublicain – de sa main de chouan,

Lui, l’Oceґan-Le-Vaste

Donne. Accroche a` ton casque!

Et va dire aux paysans que plus belle

Que la rouge sur leur casque – c’est elle,

– Non des classes la guerre —

Mais: l’eґtoile des mers!

Aux artisans et aux eґtrangers meme:

– La sixie`me branche de Beґthleґem

Coupeґe —, qu’ils sont voueґs

A l’eґtoile saleґe:

A celle des preux de l’eґpopeґe russe.

(Je m’eґtends, mais autant que la mer use

De ses grands fonds cacheґs)

Dis aux autoriteґs

– Leurs noms et titres: c’est pas mon souci —

Que sur la poupe du vaisseau Russie:

(Qu’on preґvoie qu’il eґchoue)

– Cette chose a` cinq bouts!

Rochers nus, cotes d’eґleґphants, rognons…

Mer fatigueґe, la fatigue rend bon.

Eterniteґ, prends-nous!

Dormons! Rame un bon coup!

Serreґs, mais lointains,

Feu, mais pas chandelle.

Non sommeil commun,

Mais reve mutuel:

En Dieu, l’un en l’autre.

Nez – croyais-tu? – Cap!

Sourcils? Non! Sont notres:

Sorties sous les arcs

Du Visible.


Tentative de chambre

Murs de la routine – compteґs

Avant moi. Trou? Hasard? – Trois murs

Dans mon souvenir – attesteґs!

Du quatrie`me – pas tre`s sure.

De dos au mur: c’eґtait le cas?

Peut-etre, mais peut bien ne pas

Etre. N’eґtait pas. Le vent. Dos —

Mais pas de mur derrie`re, n’est-ce

Pas? Tout ce qu’on veut… pas. De Dno:

«Le tsar abdique» . Voie express:

Pas que la poste! Urgent parcours

Des fils, – de partout, de toujours.

On a fait du piano? En bloc —

L’air. Vent. Voile gonfleґe. Doigts en

Coton. La sonatine flotte.

(N’oublie pas que tu as neuf ans).

De ce mur jamais vu plus tot —

Je sais le nom: le mur du dos

Au piano. Ou – au bureau, ou

Encore derrie`re une trousse

A raser (il a pour atout

– Ce mur-la` —: qu’en couloir il pousse

Dans la glace. De ґplace – avise!

Chaise portative du vide).

Chaise a` ceux – qu’entrer: interdit

Par la porte! Aux semelles – seuil

Sensible! Toi, tu as grandi

De ce mur (passeґ: bref recueil).

Un chapitre entre nous s’entasse.

Tu grandiras comme Danzas

En arrie`re.

Celle qui deґcre`te,

Tel Danzas, l’eґlu, lourd des pie`ces,

(Je sais son nom: le mur des cretes!)

Entre – non du pas de Dante`s.

La nuque. – Pour la catastrophe,

Pret? Tout comme toi dans dix strophes,

Stop.

L’il vise l’arrie`re-front.

Mais, laissant le tir postdorsal,

A l’eґvidence le plafond

Etait. Comme au salon: normal!

Peut-etre penchait-il, au fond?

(Armes visant l’arrie`re-front —

Qui fond.)

Et le cerveau deґja` —

Pressionneґ. Le dos se leґzarde.

Voila` les murs de la Tcheґka,

Des aubades et fusillades

Limpides: plus net que l’eґcho

Des gestes – de dos dans le dos!

La fusillade me confond.

Mais, laissant le tir postmural,

A l’eґvidence le plafond

Tenait (utile en quoi, plus tard,

– Lui?!) Revenons au quatrie`me

Mur: ou` reculant, le couard, bleme —

Recule.

«Bon, et un plancher —

Y avait? Quelque chose ou` asseoir…»

Mais oui!. – Pas pour tous. – Chevaucheґe

D’arbres, de cables, balancoires,

Sabbats… La`-haut!

Tous nous devons

Souder notre pesant talon

Au vide.

Plancher – pour les pieds.

Quel implanteґ, incrusteґ – l’homme!

Plafond: les gouttes eґpargneґes.

Une par heure, tu sais comme

L’ancien supplice? Plancher: qu’herbe

Ni terre en la maison peґne`trent —

Ni ces etres non empecheґs

Par les pieux dans la nuit de mai!

Trois murs, un plafond, un plancher.

C’est tout, non? De`s lors: apparais!

Signe du volet, de la vitre?

Chambre eґtablie a` la va-vite,

Juste eґbaucheґe sur un brouillon:

Sur fond gris – blanchatre crayon.

Ni couvreur, ni poseur de platre —

Le reve. Au long de voies sans cables —

Vigile. Dessous les paupie`res —

Gouffre ou` un et une se lie`rent.

Nul tapis, nul meuble en reґserve —

Le reve, plus nu que la gre`ve

Baltique. Plancher aux tons fades.

Chambre? – Simples surfaces planes.

Deґbarcade`re: plus riant!

Ca tient de la geґomeґtrie,

– L’abme en tome cartonneґ,

Tard compris, mais non cantonneґ.

Et le char d’Apollon, son frein —

C’est la table? Car elle a faim

De coude! Coudes a` l’oblique,

Tu obtiens la table tablique.

«Cigogne», et l’enfant nat – voila`:

Si besoin est – apparatra

La chose. La chaise surgit

Avec l’hote – point de soucis!

Tout surgira,

Ni plans, ni veilles —

Vois-tu? Te dire

Sous quelle enseigne?

L’Etre mutuel.

En foret – trou

Perdu. L’Hotel

Du Rendez-vous

Des Ames.

Maison de rencontre. Autres —

Celles des seґpareґs,

Meme au Sud! Des mains d’hote?

Non, c’est du plus feutreґ

Que les mains, plus fin, – pur

Que les mains. Bric-a`-brac

Retapeґ – confort sur!

L’ennui-monstre la`-bas!

Ici: saintes-nitouches

Que nous! En fait de mains:

Courriers, penseґes, retouches,

– De mains: ultimes fins…

Sans fieґvreux «ou` es-tu»?

J’attends. Proprieґteґ

Des serveurs: gestes tus

Au palais de Psycheґ.

Le vent seul est cher au poe`te.

Jurer des couloirs: je suis prete.

La marche: base des armeґes.

Longtemps marcher, afin qu’apre`s

D’un jet dans la chambre – et l’air

Du Dieu-Lyre…

Chemin du vers!

Le vent, le vent leveґ: l’avance

De nos pas, le front sous sa lance!

«Et caetera» trouve sa place —

Couloirs: le chez-soi de l’espace.

Du freux le profil d’heґreґtique —

Espace a` vitesse archaїque

D’enfant marchant dans ses effets

De pluie – charmants sons: fusain (l’f)! —

Fer a` friser – faisan: il fait

Sa trane a` la tour dite Eiffel.

Le fleuve a` l’enfant est caillou,

L’espace – quartier, place, trou.

Meґmoire ou` la guitare donne:

Espace: bagage a` main, bonne…

(Espace – la mode) – l’idiot:

On sait bien ce que les chariots…

Conduit au plumier de tantot.

Couloirs: des maisons – les canaux.

Noces, destins, deґce`s, saisons, —

Couloirs: affluents des maisons.

Le couloir de`s l’aube s’anime

– Pas que des balais: d’anonymes

Billets. Herbe et cumin empestent.

Genre de tache: cou-loiresque.

Exigeant qu’on deґblaie le sol

Des couloirs de la Carmagnole!

Qui batit les couloirs,

(Creusa), – sut ou` courber,

– Que le sang puisse avoir

Le temps de contourner

L’angle du cur – l’aigu,

Cet angle: aimant des foudres!

Que l’le du cur nue

Soit laveґe tout autour.

Ce couloir-ci, c’est moi

Qui l’ai creґeґ. – Ainsi! —

– Le cerveau puisse avoir

Le temps de faire signe

Sur la ligne: «Personne

Ne monte» – au nud crucial

Du cur «Sauter, en somme —

Vas-y! Sinon deґtale

Des rails!» C’est mon couloir:

Non poe`te: d’embleґe…

– Le cerveau puisse avoir

Le temps de distribuer

Les places: c’est un lieu

Que se voir, – plan, deґcompte

De mots – pas tous heureux,

De gestes, – purs meґcomptes.

Soit tout l’amour en ordre,

Toute a` toi che`re au fond,

– Jusqu’au pli de la robe

Ou des le`vres? – Du front!

Savaient rajuster leur robe: elles!

Couloirs: des maisons – les tunnels.

Vieillard que l’on me`ne a` tatons.

Couloirs: deґfileґs des maisons.

Ami, vois! En lettre ou en reve,

C’est moi sur toi l’eґclair qui cre`ve!

Tu t’endors; paupie`re: descends!

C’est moi sur toi, – pressentiment

De lumie`re. Quand poindra l’heure

Extreme: c’est moi l’il-lueur.

Et apre`s?

Reve: ligne

Juste. Acce`s,

Puis s’inclinent

Front et front.

Le tien touche

Presque. Affront —

Rime: bouche.

Du fait que les murs se deґfont? —

A l’eґvidence le plafond

Flanchait. Vocatif: seul archet!

A l’eґvidence le plancher…

La bre`che! Et le Nil vert au fond!

A l’eґvidence le plafond

Nageait. Le plancher, qu’est-ce hormis

«Qu’il croule!» Des lames salies:

Rions! Mal balayeґ? – Au ciel!

Le poe`te entier tient en selle

Sur le tiret…

Au dessus du rien de deux corps

Le plafond d’eґvidence alors

Chantait

a` l’unisson des anges.


Lettre de nouvel an

Bon Nouvel An, bord nouveau – monde – abri!

Ma premie`re lettre, je te l’eґcris

Au lieu nouveau – qu’en vain on dit doreґ —

(Gorets – doreґs!), lieu de bruit, lieu clameґ,

Vibrant, vide comme la tour d’Eole.

Premie`re lettre a` toi de notre sol

Natal d’hier ou` sans toi je languis,

Et de`s lors c’est d’une eґtoile parmi

D’autres… Loi du repli et du recul

Selon quoi l’unique devient quelqu’une,

D’existante inouїe – inexisteґe.

Comment je l’ai apprise: raconter?

Ni deґluge, ni tremblement terrestre.

Entre un homme, – quelconque («Quelqu’un» c’est —

Toi). – Un eґveґnement des plus facheux.

– Dans le Contemporain et les Deґpeches.

– Pour nous: un article? – Ou`? – A la montagne.

(Les sapins; fenetre. Drap.) – Lisez pas

La presse? Eh bien: l’article? – Non. – Pourtant…

– De grace, non! Haut: trop difficile. En

Moi: pas marchand de Christs. – Dans un sana.

(Paradis de louage). – Jour? – Hier,

Mardi, – j’sais plus. – Viendrez a` l’Alcazar?

– Non: famille. En moi: tout, mais pas Judas.

Bon An a` venir! (Tu naissais demain!) —

Raconter ce que j’ai fait quand on vint

M’apprendre…? Chut… Mot lacheґ. L’habitude!

La vie, la mort – depuis longtemps j’en use

Entre guillemets, comme de nuds vides.

Je n’ai rien fait, mais il s’est fait tre`s vite

Quelque chose, – sans ombre, sans eґcho,

Mais – faisant!

Dis: ton voyage la`-haut?

Comment rompit et ne s’est pas rompu

– Comment – le cur? Et comment, sur les purs —

Sang d’Orel, deґpassant, dit-it, les aigles,

Se coupait le souffle: comme l’eґclair?

Ou plus doux? A qui volait sur de vrais

Aigles russes: ni hauteurs, ni valleґes.

De sang – notre lien a` ce monde-la`:

En Russie tu fus: ce monde-ci a

Muri celui-la`. Un bond ajusteґ!

La vie, la mort sont par moi prononceґes

En ricanant – c’est qu’on touche a` la sienne!

La vie, la mort – je les prononce a` peine,

Avec un asteґrisque (nuit enviable:

Au lieu de l’heґmisphe`re ceґreґbral —

Les eґtoiles!)

Faudrait pas oublier,

Mon ami, ceci: que si l’alphabet

Russe a pris le relais de l’allemand

Ce n’est pas pour la raison qu’a` preґsent

Tout conviendrait, que le mort (mendiant) tout

Mangerait sans broncher!, – mais que ce monde-

La`, le notre, – a` treize ans je l’ai compris

Au cimetie`re Novodieґvitchi:

Non, n’est pas non-parlant, mais tout-parlant.

Et je le demande non sans tristesse:

Que ne demandes-tu comme on dit «Nest»

En russe? Une seule rime «zviozdy»

(Etoiles) couvrant tous les (nids) «gniozda».

Je m’eґcarte? Mais rien de tel, je crois,

Ne se trouverait – s’eґcarter de toi.

Tout, n’importe quel propos, Du Lieber,

Me`ne a` toi le mot, si meme on oublie

Le motif (plus que le russe m’est cher

L’allemand, entre toutes je preґfe`re

Celle des anges. Soit!) – de meme la`

Ou` tu n’es pas – point de lieu, si – un: la

Tombe. Rien ne fut ainsi, – tout le fut,

– Est-il possible que de moi nul…plus…? —

Ca va, Rainer, alentour c’est comment?

Instamment et obligatoirement —

La premie`re vision de l’univers

(:Du poe`te parmi lui), – la dernie`re

De la plane`te, a` toi seul donneґe, – toute!

Non du poe`te avec la poussie`re, ou

De l’esprit avec le corps (isoler —

C’est deґsoler, insulter les moitieґs) —

Mais de toi avec toi, de toi a` toi,

– Tenir de Zeus: est-ce de bon aloi? —

De Castor – toi a` toi – avec Pollux,

Du marbre – toi a` toi – avec la mousse,

Ni seґparation, ni rencontre, mais —

Confrontation: et rencontre premie`re

Et seґparation.

Ta propre main (traces

D’encre) – comme ton regard s’y attache

Du haut de tant de milles (des milliers?)

– Hauteur infinite puisqu’incommenceґe

Au-dessus de ce cristal qui recouvre

Meґditerraneґe et autres soucoupes.

Rien ne fut ainsi, – tout prendra quel tour?

Et avec moi tout au bout du faubourg.

Rien ne fut ainsi, tout deґja` s’enchane

– Qu’est-ce – a` qui s’est biffeґ une semaine

Trop tot! – Ou` regarder (qu’on s’interroge),

Accoudeґ sur le rebord de la loge,

D’ici-bas – sinon vers ce monde-la`,

De la` – vers le si-souffrant ici-bas.

J’habite a` Bellevue. Ville de feuilles

Et de nids. Avec le guide – un coup d’il:

Bellevue. Prison avec vue select

Sur Paris – palais de chime`res celtes —

Sur Paris – et un peu plus loin que lui…

Accoudeґ sur le rebord cramoisi

Combien a` toi ca doit sembler

Ridicule du haut deґmesureґ

Qui est tien, et combien donc doivent l’etre

Pour moi nos Bellevue et Belveґde`re!

Bon. Passons! Vu l’occurrence. L’urgence.

Le Nouvel An au seuil. A quoi – et quels gens —

Avec qui trinquer? Avec quoi? Au lieu

D’eґcume – du cotton. Moi au milieu

Des douze coups: pourquoi? Que dois-je faire

Portant cette rime: Rainer – en terre,

En plein bruit de Nouvel An? Et si toi,

Si pareil il s’est eґteint – c’est que la

Vie n’est pas la vie, la mort – pas la mort.

C’est que tout se brouille: tout au bout, lors

De notre rencontre – je comprendrai.

Il n’y a ni la vie, ni la mort – mais

Un troisie`me eґtat, nouveau. C’est a` lui —

(Vingt-six s’eґloignant, la paille du lit

De l’an vingt-sept placeґe, – feґliciteґ

Par toi de finir et de commencer!)

– Que je trinquerai avec toi a` table,

(Pour le regard cette table incernable)

Mon verre d’un choc muet choquerai

Contre ton verre. Pas comme au troquet,

Pas comme eux: moi contre toi fusionnant

Dans le don de cette rime disant:

Troisie`me.

Au bout de la table j’observe

Ta croix. Que de lieux en banlieue, – de verstes!

Et le buisson, a` qui fait-il donc signe

Sinon a` nous? De lieux – non d’autrui: si

Notres! Tout le feuillage! Tout le bois!

Tes lieux avec moi (les tiens avec toi).

(Qu’un meeting puisse etre un lieu pour nous deux —

Le dire?) Autant qu’ils sont: tous notres! Eux,

Les mois: notres! Les semaines: tout comme!

Et les faubourgs sous la pluie sans personne!

Et les matins donc! Et tout ce domaine

Inentrepris par les rossignols meme!

C’est vrai que je vois mal – dans un caveau,

C’est vrai que tu vois mieux – puisque d’en haut.

Entre nous rien n’a eґteґ accompli.

C’est a` ce point simple et net: pas un pli —

Rien, c’est a` ce point a` notre porteґe

Qu’il est inutile d’eґnumeґrer.

Rien, sinon – ne t’attends pas a` du hors

Ligne (qui sort de la mesure a tort!)

– Etre dedans la ligne, mais laquelle,

Comment entrer?

Refrain sempiternel:

Rien, de quelque chose – rien, nul teґmoin,

Serait-ce meme de loin – l’ombre au moins

De l’ombre! Rien, ni cette heure-la`, ni

Ce jour-la`, cette maison-la`: deґni!

Le condamneґ dans son carcan, lui l’a

– Don du souvenir —: cette bouche-la`.

Les moyens nous eґtaient trop peu confus?

De tout ce-la`, seul ce monde-la` fut

Notre, et nous-memes ne sommes que l’ombre

De nous, – tout notre ici: tout l’autre monde!

Bon confin nouveau – des moins batissables!

Bon nouveau lieu, Rainer, – monde, Rainer!

Bon cap a` l’extreme du deґmontrable —

Nouvel il, Rainer, – oreille, Rainer!

Tout: l’ami, la passion

Etaient pour toi accroc.

Echo, bon nouveau son!

Son, bon nouvel eґcho!

Combien de fois sur le banc de l’eґcole:

Quels sont ces fleuves, lacs, montagnes, cols?

C’est bien – les paysages sans touristes?

J’avais raison, Rainer, c’est donc un site

Montagneux, orageux – le paradis?

Pas celui que les veuves revendiquent —

Car il n’y en a pas qu’un, car un autre

Est au-dessus? Ses terrasses sont hautes?

Le paradis – jugeant par les Tatras —

Ne saurait etre qu’un amphitheґatre.

(Et au-dessus de l’un – le rideau bas

Baisseґ…) Rainer, Dieu est un baobab

Grandissant – j’avais raison? Non pas Louis-

Soleil-d’Or, car trone au-dessus de lui

Un autre Dieu? Il n’y a pas que lui?

Au lieu nouveau, comment ca va – eґcrire?

D’ailleurs, est – toi, est le vers: le vers tire

De toi son etre! En cet heureux seґjour

Comment va – eґcrire? Sans table pour

Le coude? Ca va – sans front pour la plume

(La paume)

– Un mot codeґ de ta coutume!

Rainer, des rimes nouvelles – content?

En effet, comprendre correctement

Le terme rime – qu’est-ce d’autre hors

Plein de rimes nouvelles – la Mort?

Car pas d’issue: la langue est eґpuiseґe.

Plein de consonances et signifieґs

– Neuves! Neufs!

– Au revoir! A se connatre!

Nous verrons-nous? Mais le chant de nos etres:

Avec la terre ou` moi-meme me noie —

Toute la mer, Rainer, et toute moi!

Ne nous quittons pas – griffonne avant l’heure.

Bonnes esquisses sonores, Rainer!

L’escalier du ciel: monteґe des honneurs

Sacreґs… Bonne conseґcration, Rainer!

– Ma paume la tient: et si l’eau deґborde?!

Par-dessus le Rhone et dessus Rarogne,

Par-dessus l’absolu deґpart – je porte

A Rainer – Maria – Rilke – en mains propres.



notes

1

Искусство любви (лат.)

2

Не раскидывайте мои письма! (фр.)

3

Nazdar! – Здравствуй! (чеш.)

4

О любимый! Тебя удивляет эта речь? Все расстающиеся говорят как пьяные и любят торжественность... Гёльдерлин.

5

Memento mori (лат.) – помни о смерти.

6

Т.е. вместо этого камня (горы на мне) будет плоский (плита).

7

Помни (лат.).

8

«Маленький кораблик» (фр.) – детская песенка.

9

Гнездо (нем.).

10

Любимый (нем.).


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