Текст книги "Если душа родилась крылатой"
Автор книги: Марина Цветаева
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Поэзия
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Superflue) – est couture.
Ni mur, ni pansement, – couture!
– Pas d’armure pour toi!
Couture: le mort cousu dur
En terre, et moi – a` toi!
(Le temps dira de quelle trempe:
Preґcaire ou reґsistante!)
En tout cas, l’ami, – deґchirure!
Mille eґclats et deґbris!
Fracas! Encore heureux (– cassure!)
Qu’elle n’ait pas pourri!
Pas d’infection! Rouge – la vie
Veineґe sous le bati!
Oh! ne perd pas qui rompt
En force!
Banlieue, faubourg: des fronts
Le divorce.
Cerveaux – au vent! (Dans les
Peґripheґries – gibets).
Oh! ne perd pas qui rompt et part,
A l’heure ou` l’aube point!
Une vie cousue pour toi, tard,
Sans bati, par mes soins.
Tordue? Pas de griefs! Faubourg:
Rupture des coutures.
Ames sans appret: plaies
Partout!...
Banlieue, faubourg... Ample est
Le courroux
Du faubourg. Entends le destin,
Sa botte dans les flaques
De boue!... Ami, juge ma main
Qui coud en toute hate:
Le fil – va le deґfaire!
Le der-nier reґverbe`re!
Ici? La magie gagne —
Regard. (Races qui croient:
Regard). – Sur la montagne?
Pour la der-nie`re fois!
12
– Collines. Crinie`re
Drue: pluie dans les yeux.
Le faubourg – derrie`re,
On est en banlieue,
On est. Mais qu’en faire?
Maratre-vireґe,
Plus de lieu sur terre.
Nous, ici: crever.
Un champ. Haie autour.
Fre`re et sur – nous deux!
La vie est faubourg. —
Construis en banlieue!
La cause est, messieurs,
Perdue! – Inutile...
Des faubourgs – rien qu’eux!
Mais ou` sont les villes?!
La pluie rage et broie.
Debout, nous – deux etres:
Rageons. En trois mois
Premier tete a` tete.
Emprunter – c’est a`
Job que voulait Dieu?
Mais sans reґsultat...
On est en banlieue!
A l’exteґrieur! Hors! Hors de la ville!
Remparts franchis! Tu comprends?
Vivre est un lieu ou` c’est impossible:
Le quar-tier juif, du dedans...
Et ne vа-t-on pas le front plus haut,
En devenant juif errant?
Aux yeux de qui n’est pas un salaud,
Le po-grome juif eґtant
La vie. Ne vit que grace aux nombreux
Reneґgats! Grace aux Judas!
Plutot sur les les de leґpreux,
En enfer! – mais pas dans la
Vie, – que pour les reneґgats, que pour
Le bourreau: a` lui – la brebis!
Le droit a` ma carte de seґjour
Je le pieґtine! J’en ris!
Pieґtineґ! Bouclier de David —
Vengeґ! Viser dans la glu
Des corps! N’est-il pas enivrant: vivre —
Le Juif ne l’a pas voulu?!
Ghetto des eґlites! Au trou! Tiens!
Pas de pitieґ! Que des gifles!
En ce monde-ci hyperchreґtien
Les poe`tes sont des Juifs!
13
Aiguiser les couteaux sur
Le roc, ou bien balayer
La sciure! De la fourrure
Sous les mains – mouilleґe!
Eh bien!, les surs, quoi?!
– Force et seґcheresse
D’homme! Sous les doigts —
Larmes, non averse!
De quels charmes maintenant
Parler? Sur tes biens – l’eau trone!
Apre`s tes yeux de diamant,
Me ruisselant sous les paumes,
Fin de la fin. Cesse
Pour moi – le naufrage.
Caresses, caresses
Le long du visage.
C’est notre orgueil a` nous deux —
Polonaises, a` nous autres —
Marina. Apre`s tes yeux
D’aigle pleurant sous mes paumes...
Mon ami, tu pleures!
Pardon! Tout est mien!
O sel et rondeurs
Au creux de la main!
Larmes d’homme sont brutales.
Sur le crane – la massue!
Pleure! Et reґpare plus tard
La honte avec moi perdue.
U-ne mer relie —
Les poissons! Se le`ve:
... Coquille sans vie,
Le`vres contre le`vres.
En larmes.
De l’oseille —
Au gout.
– Demain
Au reґveil,
Moi – ou`?
14
Le sentier a` moutons —
Descend. Ville en vacarme.
Vers nous, trois filles vont.
Elles rient. Face aux larmes
Elles rient, – plein midi
Terrestre, hautes cretes
Marines!
– Elles rient
De tes larmes abjectes,
Indues, d’homme!, visibles
Dans la pluie: plaies strieґes!
Perle honteuse qu’exhibe
Le bronze du guerrier.
De tes larmes, – oh! verse! —
Premie`res et dernie`res.
Tes larmes, ces perles
Que ma couronne acquiert.
Mes yeux leveґs – exprе`s!
Ils traversent l’averse,
Fixes. Fixez plus pre`s,
Poupeґes de Veґnus! Reste
Ce lien-ci plus eґtroit
Que l’attrait et l’eґtreinte.
Le Chant des Chants nous doit
La parole – on l’emprunte,
– Obscurs oiseaux: contraint,
Salomon s’eґmerveille,
Puisque pleur en commun
Est bien plus que sommeil!
Lui – ployeґ, eґgal – passe
Les creux d’ombre en arceaux,
En silence, sans trace —
Comme sombre un vaisseau.
Envoye de la mer
Par le vent nord-sud,
Je sais: pas possible!
Possible – j’en use!
En engin mobile,
– Tourniquet d’air: lutte
Chassant les copeaux —
Reve: trois minutes
De dureґe. Presto!
Qu’importe a` quel cou
Tu dors. Trois minutes.
L’Oceґan – Moscou:
Trop long – inutile!
Fulgurant trajet
Reґserveґ: sans frein!
De mon reve j’ai
Sauteґ dans le tien.
Tu reves de moi.
Clair? Flagrant? Plus net
Que sous la paroi
D’un timbre? Une lettre —
Je vaux? Un cachet —
Je vaux? A ton greґ?
Je le jure: c’est
Moi, pas du papier!
Des murs de ceґsure
Libre. Du bord: saut!
Exempt de censure,
Exempteґ de sceau.
Tous berneґs, pantois,
– Cursive du reve —
De la mer a` toi —
Missive si bre`ve!
Si bre`ve deґpeche.
Mon poids? C’est a` rire!
Quel qu’il soit – n’empeche
Rien: avec ma lyre
Entie`re, le loin,
Les Cenci, leurs drames.
Un reve, c’est moins
Qu’un pli de dix grammes.
Six: pour chacun – trois
(Le reve est mutuel)
Tu regardes, – vois!
Pas imperosonnel —
Le nez, forme d’un teґ —
Le front, ancien signe
– Rien a` ajouter —
Des le`vres qui signent.
C’est moi – sans la glose,
C’est moi – sans rature.
Poigneґe – o de roses
Des Alpes!, masure
A la mer, pourtant
Vagues – bien gentilles.
Tiens – de l’Oceґan:
Poigneґe de coquilles.
Prends-les peu a` peu a` leur place en rond.
La mer jouait. Jouer – c’est etre bon.
La mer jouait, et moi je les prenais,
La mer perdait, et moi je lеs posais
Dans l’antre, dans ma joue – apre, salin!
Bonne bote – la bouche, si les mains
Sont prises. Vive toi, lame! Renais!
La Muse perdait, la vague prenait.
Coraux de crabes – comprendre: coquilles.
La mer jouait, jouer – betes broutilles!
Penser – me`che d’argent! —
Intelligent! Jouons!
Aux coquillages. Air: «Petit navire».
L’un – en forme de cur, l’autre de lyre,
Trois tas: la cleґ de sol
De l’enfance – en survol.
L’ai ramasseґe pre`s des poissons qu’on rentre.
Ca – rogaton d’angoisse deґvorante:
Caillou, – toi, ca t’arrange —
Mieux que vague je ronge,
Enrageґe sur la dune deґserteґe.
Ca? Rognures d’amour qui a eґteґ:
Le restaurer – pas sure:
Peu profonde morsure.
Lui la`, sur la liste il n’est pas inscrit.
Ca – rongement: non d’amour – grignotis
Du remords. Camelote —
Pleurer! Je le grignote
Lui, – pas le moins du monde grignotable.
Ca – mais c’est nos restes de coquillages
Pour demain. Vois! Oh non!
Dommage. Partageons.
Pas ceux qui plairont, ce qui sortira.
(Ton fils, pour jouer on ne pourrait pas
Le prendre – on serait trois?)
Le premier coup – c’est moi.
Oui, mais le sable entre les doigts – fluide!
Attends: d’une strophe ce sont les bribes:
«La gloire est souterraine»
Bon. Comple`te, toi-meme.
Oui, mais le sable entre les doigts – coulant!
Attends: ce sont les frusques du serpent:
Jalousie! Tout pareґ,
Le muant, – de fierteґ,
De son plein droit, regardez-le qui rampe!
Finir un crabe vide – on n’est pas membre
De «Na Postu». Nul crabe:
Mais gloire qui deґrape.
Caprice modique:
Caillou – Pierre Ponce.
Creux comme un critique.
Comme un censeur – fronce
Son front au nouveau.
– Les censeurs: qu’ils dorment!
De nos vers, s’il faut —
C’est l’aube la norme.
(L’aube a beau regard:
L’eau de Castalia
Pour amie. S’eґgare
La plume: aleґas!
«Mon lapin, des vers?
Il y en a plein!»
On passe au travers
Sans qu’un il malin…)
Meule, toi, meule, toi, ronde marine!
Mammouth, papillon – la mer tout mouline.
Pas de notre mouture —
Parler d’elle: sciure!
Voila`, j’ache`ve de dire et – silence.
Mer, belle meunie`re! Bas-fond: lieu dense
Ou` nous, choses menues:
Balayeґs! Tout moulus!
Professeur, moulin a` paroles, cesse!
Bas-fonds – que nos continents! Natre: qu’est-ce?
(But: multiplication)
– Echouer sur un bas-fond.
Propice: de naphte, tourbe muni!
Immortaliteґ ensableґe – la vie.
Fiers, mais hors de propos!
La vie? – Peґnurie d’eau
Supraoceґane.
Pardon d’avance:
De ces objets toc que je te balance.
– Fonds marins jamais vus,
Balanceґs par le flux.
Il ne fait que laisser: prend – qui le veut!
Que le reflux apporte – c’est curieux,
Que dans la paume il porte.
Tu reconnais les notes?
Il nous en reste deux ou trois chacun,
Quand le dieu qui les apporta – retient,
Reflue… Le luth orphique…
Plage – page a` musique!
– Un instant de ramassage divers!
Je te balance un tas de balivernes:
Tant de mots qui moulinent
De l’eґtoffe marine!
Comme a la pecheuse quand elle vend.
Enfin je t’ai reґserveґ un preґsent.
Fais-en ceci: rends proches
La mer et Moscou, proches —
La Sovieґtorussie et l’Oceґan.
Au reґpublicain – de sa main de chouan,
Lui, l’Oceґan-Le-Vaste
Donne. Accroche a` ton casque!
Et va dire aux paysans que plus belle
Que la rouge sur leur casque – c’est elle,
– Non des classes la guerre —
Mais: l’eґtoile des mers!
Aux artisans et aux eґtrangers meme:
– La sixie`me branche de Beґthleґem
Coupeґe —, qu’ils sont voueґs
A l’eґtoile saleґe:
A celle des preux de l’eґpopeґe russe.
(Je m’eґtends, mais autant que la mer use
De ses grands fonds cacheґs)
Dis aux autoriteґs
– Leurs noms et titres: c’est pas mon souci —
Que sur la poupe du vaisseau Russie:
(Qu’on preґvoie qu’il eґchoue)
– Cette chose a` cinq bouts!
Rochers nus, cotes d’eґleґphants, rognons…
Mer fatigueґe, la fatigue rend bon.
Eterniteґ, prends-nous!
Dormons! Rame un bon coup!
Serreґs, mais lointains,
Feu, mais pas chandelle.
Non sommeil commun,
Mais reve mutuel:
En Dieu, l’un en l’autre.
Nez – croyais-tu? – Cap!
Sourcils? Non! Sont notres:
Sorties sous les arcs
Du Visible.
Tentative de chambre
Murs de la routine – compteґs
Avant moi. Trou? Hasard? – Trois murs
Dans mon souvenir – attesteґs!
Du quatrie`me – pas tre`s sure.
De dos au mur: c’eґtait le cas?
Peut-etre, mais peut bien ne pas
Etre. N’eґtait pas. Le vent. Dos —
Mais pas de mur derrie`re, n’est-ce
Pas? Tout ce qu’on veut… pas. De Dno:
«Le tsar abdique» . Voie express:
Pas que la poste! Urgent parcours
Des fils, – de partout, de toujours.
On a fait du piano? En bloc —
L’air. Vent. Voile gonfleґe. Doigts en
Coton. La sonatine flotte.
(N’oublie pas que tu as neuf ans).
De ce mur jamais vu plus tot —
Je sais le nom: le mur du dos
Au piano. Ou – au bureau, ou
Encore derrie`re une trousse
A raser (il a pour atout
– Ce mur-la` —: qu’en couloir il pousse
Dans la glace. De ґplace – avise!
Chaise portative du vide).
Chaise a` ceux – qu’entrer: interdit
Par la porte! Aux semelles – seuil
Sensible! Toi, tu as grandi
De ce mur (passeґ: bref recueil).
Un chapitre entre nous s’entasse.
Tu grandiras comme Danzas
En arrie`re.
Celle qui deґcre`te,
Tel Danzas, l’eґlu, lourd des pie`ces,
(Je sais son nom: le mur des cretes!)
Entre – non du pas de Dante`s.
La nuque. – Pour la catastrophe,
Pret? Tout comme toi dans dix strophes,
Stop.
L’il vise l’arrie`re-front.
Mais, laissant le tir postdorsal,
A l’eґvidence le plafond
Etait. Comme au salon: normal!
Peut-etre penchait-il, au fond?
(Armes visant l’arrie`re-front —
Qui fond.)
Et le cerveau deґja` —
Pressionneґ. Le dos se leґzarde.
Voila` les murs de la Tcheґka,
Des aubades et fusillades
Limpides: plus net que l’eґcho
Des gestes – de dos dans le dos!
La fusillade me confond.
Mais, laissant le tir postmural,
A l’eґvidence le plafond
Tenait (utile en quoi, plus tard,
– Lui?!) Revenons au quatrie`me
Mur: ou` reculant, le couard, bleme —
Recule.
«Bon, et un plancher —
Y avait? Quelque chose ou` asseoir…»
Mais oui!. – Pas pour tous. – Chevaucheґe
D’arbres, de cables, balancoires,
Sabbats… La`-haut!
Tous nous devons
Souder notre pesant talon
Au vide.
Plancher – pour les pieds.
Quel implanteґ, incrusteґ – l’homme!
Plafond: les gouttes eґpargneґes.
Une par heure, tu sais comme
L’ancien supplice? Plancher: qu’herbe
Ni terre en la maison peґne`trent —
Ni ces etres non empecheґs
Par les pieux dans la nuit de mai!
Trois murs, un plafond, un plancher.
C’est tout, non? De`s lors: apparais!
Signe du volet, de la vitre?
Chambre eґtablie a` la va-vite,
Juste eґbaucheґe sur un brouillon:
Sur fond gris – blanchatre crayon.
Ni couvreur, ni poseur de platre —
Le reve. Au long de voies sans cables —
Vigile. Dessous les paupie`res —
Gouffre ou` un et une se lie`rent.
Nul tapis, nul meuble en reґserve —
Le reve, plus nu que la gre`ve
Baltique. Plancher aux tons fades.
Chambre? – Simples surfaces planes.
Deґbarcade`re: plus riant!
Ca tient de la geґomeґtrie,
– L’abme en tome cartonneґ,
Tard compris, mais non cantonneґ.
Et le char d’Apollon, son frein —
C’est la table? Car elle a faim
De coude! Coudes a` l’oblique,
Tu obtiens la table tablique.
«Cigogne», et l’enfant nat – voila`:
Si besoin est – apparatra
La chose. La chaise surgit
Avec l’hote – point de soucis!
Tout surgira,
Ni plans, ni veilles —
Vois-tu? Te dire
Sous quelle enseigne?
L’Etre mutuel.
En foret – trou
Perdu. L’Hotel
Du Rendez-vous
Des Ames.
Maison de rencontre. Autres —
Celles des seґpareґs,
Meme au Sud! Des mains d’hote?
Non, c’est du plus feutreґ
Que les mains, plus fin, – pur
Que les mains. Bric-a`-brac
Retapeґ – confort sur!
L’ennui-monstre la`-bas!
Ici: saintes-nitouches
Que nous! En fait de mains:
Courriers, penseґes, retouches,
– De mains: ultimes fins…
Sans fieґvreux «ou` es-tu»?
J’attends. Proprieґteґ
Des serveurs: gestes tus
Au palais de Psycheґ.
Le vent seul est cher au poe`te.
Jurer des couloirs: je suis prete.
La marche: base des armeґes.
Longtemps marcher, afin qu’apre`s
D’un jet dans la chambre – et l’air
Du Dieu-Lyre…
Chemin du vers!
Le vent, le vent leveґ: l’avance
De nos pas, le front sous sa lance!
«Et caetera» trouve sa place —
Couloirs: le chez-soi de l’espace.
Du freux le profil d’heґreґtique —
Espace a` vitesse archaїque
D’enfant marchant dans ses effets
De pluie – charmants sons: fusain (l’f)! —
Fer a` friser – faisan: il fait
Sa trane a` la tour dite Eiffel.
Le fleuve a` l’enfant est caillou,
L’espace – quartier, place, trou.
Meґmoire ou` la guitare donne:
Espace: bagage a` main, bonne…
(Espace – la mode) – l’idiot:
On sait bien ce que les chariots…
Conduit au plumier de tantot.
Couloirs: des maisons – les canaux.
Noces, destins, deґce`s, saisons, —
Couloirs: affluents des maisons.
Le couloir de`s l’aube s’anime
– Pas que des balais: d’anonymes
Billets. Herbe et cumin empestent.
Genre de tache: cou-loiresque.
Exigeant qu’on deґblaie le sol
Des couloirs de la Carmagnole!
Qui batit les couloirs,
(Creusa), – sut ou` courber,
– Que le sang puisse avoir
Le temps de contourner
L’angle du cur – l’aigu,
Cet angle: aimant des foudres!
Que l’le du cur nue
Soit laveґe tout autour.
Ce couloir-ci, c’est moi
Qui l’ai creґeґ. – Ainsi! —
– Le cerveau puisse avoir
Le temps de faire signe
Sur la ligne: «Personne
Ne monte» – au nud crucial
Du cur «Sauter, en somme —
Vas-y! Sinon deґtale
Des rails!» C’est mon couloir:
Non poe`te: d’embleґe…
– Le cerveau puisse avoir
Le temps de distribuer
Les places: c’est un lieu
Que se voir, – plan, deґcompte
De mots – pas tous heureux,
De gestes, – purs meґcomptes.
Soit tout l’amour en ordre,
Toute a` toi che`re au fond,
– Jusqu’au pli de la robe
Ou des le`vres? – Du front!
Savaient rajuster leur robe: elles!
Couloirs: des maisons – les tunnels.
Vieillard que l’on me`ne a` tatons.
Couloirs: deґfileґs des maisons.
Ami, vois! En lettre ou en reve,
C’est moi sur toi l’eґclair qui cre`ve!
Tu t’endors; paupie`re: descends!
C’est moi sur toi, – pressentiment
De lumie`re. Quand poindra l’heure
Extreme: c’est moi l’il-lueur.
Et apre`s?
Reve: ligne
Juste. Acce`s,
Puis s’inclinent
Front et front.
Le tien touche
Presque. Affront —
Rime: bouche.
Du fait que les murs se deґfont? —
A l’eґvidence le plafond
Flanchait. Vocatif: seul archet!
A l’eґvidence le plancher…
La bre`che! Et le Nil vert au fond!
A l’eґvidence le plafond
Nageait. Le plancher, qu’est-ce hormis
«Qu’il croule!» Des lames salies:
Rions! Mal balayeґ? – Au ciel!
Le poe`te entier tient en selle
Sur le tiret…
Au dessus du rien de deux corps
Le plafond d’eґvidence alors
Chantait
a` l’unisson des anges.
Lettre de nouvel an
Bon Nouvel An, bord nouveau – monde – abri!
Ma premie`re lettre, je te l’eґcris
Au lieu nouveau – qu’en vain on dit doreґ —
(Gorets – doreґs!), lieu de bruit, lieu clameґ,
Vibrant, vide comme la tour d’Eole.
Premie`re lettre a` toi de notre sol
Natal d’hier ou` sans toi je languis,
Et de`s lors c’est d’une eґtoile parmi
D’autres… Loi du repli et du recul
Selon quoi l’unique devient quelqu’une,
D’existante inouїe – inexisteґe.
Comment je l’ai apprise: raconter?
Ni deґluge, ni tremblement terrestre.
Entre un homme, – quelconque («Quelqu’un» c’est —
Toi). – Un eґveґnement des plus facheux.
– Dans le Contemporain et les Deґpeches.
– Pour nous: un article? – Ou`? – A la montagne.
(Les sapins; fenetre. Drap.) – Lisez pas
La presse? Eh bien: l’article? – Non. – Pourtant…
– De grace, non! Haut: trop difficile. En
Moi: pas marchand de Christs. – Dans un sana.
(Paradis de louage). – Jour? – Hier,
Mardi, – j’sais plus. – Viendrez a` l’Alcazar?
– Non: famille. En moi: tout, mais pas Judas.
Bon An a` venir! (Tu naissais demain!) —
Raconter ce que j’ai fait quand on vint
M’apprendre…? Chut… Mot lacheґ. L’habitude!
La vie, la mort – depuis longtemps j’en use
Entre guillemets, comme de nuds vides.
Je n’ai rien fait, mais il s’est fait tre`s vite
Quelque chose, – sans ombre, sans eґcho,
Mais – faisant!
Dis: ton voyage la`-haut?
Comment rompit et ne s’est pas rompu
– Comment – le cur? Et comment, sur les purs —
Sang d’Orel, deґpassant, dit-it, les aigles,
Se coupait le souffle: comme l’eґclair?
Ou plus doux? A qui volait sur de vrais
Aigles russes: ni hauteurs, ni valleґes.
De sang – notre lien a` ce monde-la`:
En Russie tu fus: ce monde-ci a
Muri celui-la`. Un bond ajusteґ!
La vie, la mort sont par moi prononceґes
En ricanant – c’est qu’on touche a` la sienne!
La vie, la mort – je les prononce a` peine,
Avec un asteґrisque (nuit enviable:
Au lieu de l’heґmisphe`re ceґreґbral —
Les eґtoiles!)
Faudrait pas oublier,
Mon ami, ceci: que si l’alphabet
Russe a pris le relais de l’allemand
Ce n’est pas pour la raison qu’a` preґsent
Tout conviendrait, que le mort (mendiant) tout
Mangerait sans broncher!, – mais que ce monde-
La`, le notre, – a` treize ans je l’ai compris
Au cimetie`re Novodieґvitchi:
Non, n’est pas non-parlant, mais tout-parlant.
Et je le demande non sans tristesse:
Que ne demandes-tu comme on dit «Nest»
En russe? Une seule rime «zviozdy»
(Etoiles) couvrant tous les (nids) «gniozda».
Je m’eґcarte? Mais rien de tel, je crois,
Ne se trouverait – s’eґcarter de toi.
Tout, n’importe quel propos, Du Lieber,
Me`ne a` toi le mot, si meme on oublie
Le motif (plus que le russe m’est cher
L’allemand, entre toutes je preґfe`re
Celle des anges. Soit!) – de meme la`
Ou` tu n’es pas – point de lieu, si – un: la
Tombe. Rien ne fut ainsi, – tout le fut,
– Est-il possible que de moi nul…plus…? —
Ca va, Rainer, alentour c’est comment?
Instamment et obligatoirement —
La premie`re vision de l’univers
(:Du poe`te parmi lui), – la dernie`re
De la plane`te, a` toi seul donneґe, – toute!
Non du poe`te avec la poussie`re, ou
De l’esprit avec le corps (isoler —
C’est deґsoler, insulter les moitieґs) —
Mais de toi avec toi, de toi a` toi,
– Tenir de Zeus: est-ce de bon aloi? —
De Castor – toi a` toi – avec Pollux,
Du marbre – toi a` toi – avec la mousse,
Ni seґparation, ni rencontre, mais —
Confrontation: et rencontre premie`re
Et seґparation.
Ta propre main (traces
D’encre) – comme ton regard s’y attache
Du haut de tant de milles (des milliers?)
– Hauteur infinite puisqu’incommenceґe
Au-dessus de ce cristal qui recouvre
Meґditerraneґe et autres soucoupes.
Rien ne fut ainsi, – tout prendra quel tour?
Et avec moi tout au bout du faubourg.
Rien ne fut ainsi, tout deґja` s’enchane
– Qu’est-ce – a` qui s’est biffeґ une semaine
Trop tot! – Ou` regarder (qu’on s’interroge),
Accoudeґ sur le rebord de la loge,
D’ici-bas – sinon vers ce monde-la`,
De la` – vers le si-souffrant ici-bas.
J’habite a` Bellevue. Ville de feuilles
Et de nids. Avec le guide – un coup d’il:
Bellevue. Prison avec vue select
Sur Paris – palais de chime`res celtes —
Sur Paris – et un peu plus loin que lui…
Accoudeґ sur le rebord cramoisi
Combien a` toi ca doit sembler
Ridicule du haut deґmesureґ
Qui est tien, et combien donc doivent l’etre
Pour moi nos Bellevue et Belveґde`re!
Bon. Passons! Vu l’occurrence. L’urgence.
Le Nouvel An au seuil. A quoi – et quels gens —
Avec qui trinquer? Avec quoi? Au lieu
D’eґcume – du cotton. Moi au milieu
Des douze coups: pourquoi? Que dois-je faire
Portant cette rime: Rainer – en terre,
En plein bruit de Nouvel An? Et si toi,
Si pareil il s’est eґteint – c’est que la
Vie n’est pas la vie, la mort – pas la mort.
C’est que tout se brouille: tout au bout, lors
De notre rencontre – je comprendrai.
Il n’y a ni la vie, ni la mort – mais
Un troisie`me eґtat, nouveau. C’est a` lui —
(Vingt-six s’eґloignant, la paille du lit
De l’an vingt-sept placeґe, – feґliciteґ
Par toi de finir et de commencer!)
– Que je trinquerai avec toi a` table,
(Pour le regard cette table incernable)
Mon verre d’un choc muet choquerai
Contre ton verre. Pas comme au troquet,
Pas comme eux: moi contre toi fusionnant
Dans le don de cette rime disant:
Troisie`me.
Au bout de la table j’observe
Ta croix. Que de lieux en banlieue, – de verstes!
Et le buisson, a` qui fait-il donc signe
Sinon a` nous? De lieux – non d’autrui: si
Notres! Tout le feuillage! Tout le bois!
Tes lieux avec moi (les tiens avec toi).
(Qu’un meeting puisse etre un lieu pour nous deux —
Le dire?) Autant qu’ils sont: tous notres! Eux,
Les mois: notres! Les semaines: tout comme!
Et les faubourgs sous la pluie sans personne!
Et les matins donc! Et tout ce domaine
Inentrepris par les rossignols meme!
C’est vrai que je vois mal – dans un caveau,
C’est vrai que tu vois mieux – puisque d’en haut.
Entre nous rien n’a eґteґ accompli.
C’est a` ce point simple et net: pas un pli —
Rien, c’est a` ce point a` notre porteґe
Qu’il est inutile d’eґnumeґrer.
Rien, sinon – ne t’attends pas a` du hors
Ligne (qui sort de la mesure a tort!)
– Etre dedans la ligne, mais laquelle,
Comment entrer?
Refrain sempiternel:
Rien, de quelque chose – rien, nul teґmoin,
Serait-ce meme de loin – l’ombre au moins
De l’ombre! Rien, ni cette heure-la`, ni
Ce jour-la`, cette maison-la`: deґni!
Le condamneґ dans son carcan, lui l’a
– Don du souvenir —: cette bouche-la`.
Les moyens nous eґtaient trop peu confus?
De tout ce-la`, seul ce monde-la` fut
Notre, et nous-memes ne sommes que l’ombre
De nous, – tout notre ici: tout l’autre monde!
Bon confin nouveau – des moins batissables!
Bon nouveau lieu, Rainer, – monde, Rainer!
Bon cap a` l’extreme du deґmontrable —
Nouvel il, Rainer, – oreille, Rainer!
Tout: l’ami, la passion
Etaient pour toi accroc.
Echo, bon nouveau son!
Son, bon nouvel eґcho!
Combien de fois sur le banc de l’eґcole:
Quels sont ces fleuves, lacs, montagnes, cols?
C’est bien – les paysages sans touristes?
J’avais raison, Rainer, c’est donc un site
Montagneux, orageux – le paradis?
Pas celui que les veuves revendiquent —
Car il n’y en a pas qu’un, car un autre
Est au-dessus? Ses terrasses sont hautes?
Le paradis – jugeant par les Tatras —
Ne saurait etre qu’un amphitheґatre.
(Et au-dessus de l’un – le rideau bas
Baisseґ…) Rainer, Dieu est un baobab
Grandissant – j’avais raison? Non pas Louis-
Soleil-d’Or, car trone au-dessus de lui
Un autre Dieu? Il n’y a pas que lui?
Au lieu nouveau, comment ca va – eґcrire?
D’ailleurs, est – toi, est le vers: le vers tire
De toi son etre! En cet heureux seґjour
Comment va – eґcrire? Sans table pour
Le coude? Ca va – sans front pour la plume
(La paume)
– Un mot codeґ de ta coutume!
Rainer, des rimes nouvelles – content?
En effet, comprendre correctement
Le terme rime – qu’est-ce d’autre hors
Plein de rimes nouvelles – la Mort?
Car pas d’issue: la langue est eґpuiseґe.
Plein de consonances et signifieґs
– Neuves! Neufs!
– Au revoir! A se connatre!
Nous verrons-nous? Mais le chant de nos etres:
Avec la terre ou` moi-meme me noie —
Toute la mer, Rainer, et toute moi!
Ne nous quittons pas – griffonne avant l’heure.
Bonnes esquisses sonores, Rainer!
L’escalier du ciel: monteґe des honneurs
Sacreґs… Bonne conseґcration, Rainer!
– Ma paume la tient: et si l’eau deґborde?!
Par-dessus le Rhone et dessus Rarogne,
Par-dessus l’absolu deґpart – je porte
A Rainer – Maria – Rilke – en mains propres.
notes
1
Искусство любви (лат.)
2
Не раскидывайте мои письма! (фр.)
3
Nazdar! – Здравствуй! (чеш.)
4
О любимый! Тебя удивляет эта речь? Все расстающиеся говорят как пьяные и любят торжественность... Гёльдерлин.
5
Memento mori (лат.) – помни о смерти.
6
Т.е. вместо этого камня (горы на мне) будет плоский (плита).
7
Помни (лат.).
8
«Маленький кораблик» (фр.) – детская песенка.
9
Гнездо (нем.).
10
Любимый (нем.).